Premiers principes

 

À l’étudiant

Vous voilà prêt à commencer l’étude et la mise en pratique du Pelmanisme.
Abordez-les avec \emph{ardeur }et \emph{loyauté}. De même que des
exercices de gymnastique entretiennent la santé et développent les
forces, de même nos exercices intellectuels accroissent la puissance
de l’esprit. Cette éducation mentale est une oeuvre en coopération
 : vous faites votre tâche et nous faisons la nôtre. Nous travaillons
ensemble. Vous n’êtes pas abandonnés à vos propres ressources.

Ce cours n’a rien de mystérieux. Suivez nos instructions et, comme
tant de milliers d’autres personnes, vous en retirerez de multiples
avantages. Dès le début, prenez la résolution d’aller jusqu’au bout.
Si vôtre temps est limité, PELMANISEZ un peu chaque jour, si peu que
ce soit, pour ne pas rompre la continuité de votre effort.

Comprenez bien que toute oeuvre de valeur, un beau tableau, une affaire
prospère, une invention rémunératrice, a sa source première dans l’esprit.
Développez-le et vous obtiendrez des résultats surprenants. Ce n’est
point là un but égoïste. C’est pour vous un devoir, envers vous-même,
envers votre famille, envers votre pays.

Peu de personnes se rendent compte qu’un cerveau bien développé et
actif est la force la plus importante du monde. L’argent même ne peut
l’égaler. Chaque pays, chaque industrie, chaque profession ne demande
qu’à l’accueillir et à l’employer. C’est le « Sésame » qui ouvre les
portes de la meilleure société, c’est la clé de tous les succès.

À moins que vous soyez né sous une étoile miraculeuse, votre cerveau
est la seule arme avec laquelle vous puissiez livrer les batailles
de la vie. Plus il sera développé, plus vous serez sûr de vaincre.
Physiquement, l’homme est l’être le plus faible de la création, et
il aurait été exterminé depuis longtemps si le développement de son
cerveau ne lui avait permis de subjuguer tout le règne animal. Maintenant,
il n’a plus à disputer sa place aux bêtes. Il n’a plus besoin de chasser
pour sa nourriture quotidienne, ni de tendre des pièges pour se vêtir,
ni d’établir sa demeure dans des cavernes.

Ses grands rivaux d’aujourd’hui sont les autres hommes, mais il n’a
toujours que la môme vieille arme : son cerveau. Bien que la concurrence
ait perdu sa rudesse, elle est encore vive parmi les hommes. Il ne
s’agit plus d’avoir la flèche la plus rapide ou la lance la plus longue,
mais seulement et toujours le cerveau le plus productif.

Le cerveau puissant qui fit, jadis, un roi de l’homme primitif, fait
aujourd’hui le savant, l’artiste, le grand homme d’affaires. Nous
avons tous la même arme. Selon sa qualité, elle conduit à l’échec
ou au succès.

\bigskip{}

\begin{center}
LE PELMANISME\\
EST VOTRE CHANCE DE SUCCÈS
\par\end{center}

\chapter{Indications préliminaires }

\section*{Ce que contient le Cours.}

\emph{Montrer à l’élève ce qu’il est, ce qu’il peut, et le mettre
en état de pouvoir davantage : voilà l’objet du Pelmanisme.}

Le Cours repose non sur des notions livresques, mais sur des recherches
de psychologie.

Instruit par une expérience de plus de quarante ans des besoins intellectuels
de toutes les classes de la société, l’Institut Pelman a élaboré un
système harmonieux et homogène d’entraînement mental qui répond à
toutes les exigences de la pensée et de la vie.

L’expérience l’a inspiré, le confirme et permet de le perfectionner
sans cesse.

Un succès constant en a démontré la réelle valeur pratique.

Pour qu’il puisse être suivi sans difficulté, par toute personne de
bonne volonté, on en a exclu tous les termes techniques superflus.

Le Cours comporte 12 leçons. On y apprendra :

À observer ;

À se souvenir ;

À cultiver ses sens, surtout la vue et l’ouïe ; À concentrer son attention
et à fortifier sa volonté ;

À développer l’énergie, l’esprit d’entreprise, la confiance en soi
même ;

À utiliser la force de suggestion et d’autosuggestion ;

À comprendre et à utiliser les principes de l’association des idées ;

À pratiquer l’analyse et la synthèse ; à réduire une proposition ou
un problème à sa plus simple expression ; à combiner d’anciennes idées
pour en créer de nouvelles ;

À établir pour n’importe quel sujet un plan d’études adapté à chaque
situation individuelle ;

À acquérir de bonnes méthodes de pensée et d’action ;

À adopter certaines attitudes d’esprit qui facilitent le travail et
assurent le succès, quelle que soit la profession à laquelle on appartienne ;

À conserver un cerveau et un esprit sains ;

À réaliser toute sa personnalité.

\section{À qui s’adresse le Cours.}

Nous nous adressons également aux deux sexes, à tous les âges, à toutes
les conditions ; chaque être humain n’est-il pas aux prises avec la
même tâche : conquérir et assurer sa place au soleil ?

Comme l’apprentissage de la vie ne s’enseigne pas dans les écoles,
les intellectuels n’ont, d’ordinaire, pas moins besoin de notre direction
que les hommes d’affaires ou les travailleurs manuels.

Chacun peut et doit profiter du Cours à proportion de ses aptitudes
et selon ses besoins.

Nous ne demandons, en effet, à chacun que d’être lui-même ; mais nous
voulons qu’il se réalise pleinement.

Parmi ceux qui s’adressent à nous, beaucoup ont été élèves de l’enseignement

secondaire ou supérieur ; mais ce ne sont pas ceux qui éprouvent le
moins le besoin de ranimer la flamme de leur enthousiasme et plus
d’un n’a jamais exercé méthodiquement son esprit d’observation, sa
mémoire, son imagination créatrice.

D’autres, sans avoir bénéficié de la culture, classique, sont arrivés
à des postes importants, mais il leur manque l’art de travailler avec
méthode ; ils se laissent submerger par leur occupations à un âge où
les réactions corporelles et mentales commencent à se ralentir.

La plupart sont encore en pleine bataille, car il est rare que le
succès soit obtenu directement, sans secousses ni échecs, sans erreurs,
sans lassitude temporaires.

\section{Le Cours est Personnel.}

Ce cours, qui s’adresse à tout le monde s’adresse en particulier à
vous.

Les lois de l’esprit étant les mêmes pour tous les hommes, un cours
consacré à les faire connaître convient à quiconque. Vous avez besoin
de ne pas ignorer ce que chacun doit savoir.

Mais, notez-le bien, le Pelmanisme s’adresse aussi à vous en tant
que vous êtes différent de tout autre être humain.

Non seulement vous y trouverez les conseils qui vous conviennent personnellement,
mais la rigidité du Cours sera compensée par les conseils écrits ou
oraux que nous vous donnerons môme après l’achèvement de votre préparation
— selon vos besoins propres, selon votre caractère. Notre rôle ne
se limite pas à une tâche de pédagogues ; nous ne demandons qu’à remplir,
dans l’intérêt de nos adeptes, le rôle si attachant d’amis et de conseillers.

Cette attitude est l’une des originalités du Pelmanisme ; elle le
distingue heureusement de tout enseignement scolaire ou livresque.

Vous trouverez dans nos Leçons et dans nos Exercices tout ce qui est
nécessaire à votre efficience personnelle.

\section{Comment Étudier le Cours.}

Vous avez en mains les 12 Leçons. Étudiez chaque leçon et faites les
exercices avant de commencer une autre leçon.

Prenez garde de ne pas céder à la curiosité et mettez la Leçon 2 de
côté jusqu’à ce que vous ayez bien assimilé la Leçon 1.

N’émoussez pas l’intérêt de chaque Leçon son étude et sa mise en pratique
auraient pour vous moins d’attrait.

\section{L’Attitude Corporelle.}

L’étude du Cours est un travail qui s’ajoute généralement au travail
professionnel. Il importe donc de vous rendre aussi dispos que possible
avant de la commencer chaque soir.

Nous recommandons à l’Étudiant de se laver d’abord à l’eau froide
le visage et les mains, non seulement comme délassement et comme réaction
physiologique, mais aussi comme réaction psychologique.

Cet acte si simple marque une renaissance de l’activité. C’est comme
si on se donnait, le môme jour, une deuxième matinée ; peu à peu l’habitude
s’établira d’une sorte de renouvellement de soi, et l’on sentira naître
une forme inattendue de plaisir.

Il ne sera pas mauvais non plus de se «mettre à l’aise », en mettant
un col mou par exemple, et en revêtant un costume plus ample qui donnera
libre jeu à la circulation du sang.

Le soir, nous son-mies tous un peu congestionnés, notre système nerveux
a été soumis à toutes sortes d’excitations. On doit se préparer à
étudier nos Leçons et à faire nos Exercices mentaux par le calme et
le bien-être.

Ne vous tassez pas dans un fauteuil, ne vous courbez pas sur une table,
mais adoptez une attitude de confort et de liberté, conciliant à la
fois l’aisance et l’application.

\section{L’Attitude Mentale.}

Le Cours a pour but l’épanouissement de la personnalité. Vous devez
donc vous

dire chaque soir en commençant : « Je désire m’améliorer, diminuer
mes défauts, augmenter mes qualités ; ce que je lis et apprends aujourd’hui
va concourir à mon succès »

Ne travaillez qu’autant que vous ôtes le maître de votre attention ;
n’absorbez qu’autant que vous vous sentez capable d’assimiler.

Peu à peu, votre pouvoir d’absorption augmentera, en même temps que
diminueront les risques d’incompréhension.

En cas de fatigue ou de surmenage ; vingt minutes par jour suffiront
d’abord ; si possible, ajoutez peu à peu des périodes de cinq minutes.

Le mieux serait évidemment que vous puissiez disposer d’une heure
par jour pour l’étude et la méditation des Leçons et l’exécution des
Exercices ; ajoutez-y les divers moments de la journée où vous pourrez
appliquer nos principes.

Inutile de vous forcer.

L’entraînement mental doit être aussi lent, aussi continu, aussi méthodique
qu’un entraînement sportif. Il doit être pour vous, non pas une obsession,
mais un stimulant et un guide.

Quoique relativement simples, nos principes doivent être bien compris
et utilisés à bon escient.

Appliquez-les d’abord à une certaine catégorie d’activités, puis successivement
à toutes les autres, de manière que le Pelmanisme devienne pour vous
un mode normal et naturel de concevoir et de traiter toutes les circonstances
de la vie, sans atteinte aucune à votre originalité.

\section{Comment Étudier une Leçon.}

7. Ne parcourez pas la Leçon d’un trait comme vous le feriez d’un
roman, mais prenez les paragraphes l’un après l’autre et méditez-les
sérieusement.

Considérez d’abord le titre du paragraphe, et cherchez les idées personnelles
qu’il fait naître en vous.

Lisez alors le texte et vérifiez-en l’accord avec vos propres réflexions.

Posez-vous ensuite les questions suivantes

Quels sont les principes et les conseils qui me sont enseignés ?

Môme s’ils ne sont pas nouveaux pour moi, en ai-je fait jusqu’ici
une application suffisante ?

Quelles erreurs aurais-j e évitées si j’en avais tenu compte ?

Quel pouvoir vais-je y gagner ?

Quels défauts puis-je perdre, quelles qualités acquérir ?

Et quels bénéfices puis-je attendre de l’application de tel principe
Pelmaniste tant pour ma profession que pour ma vie privée ?

Soulignez les idées les plus importantes et, au besoin, inscrivez-les
sur un carnet, afin de les revoir rapidement chaque semaine jusqu’à
ce que vous les possédiez bien.

Accordez-vous, entre les diverses sections, un repos destiné à mieux
fixer le contenu de votre lecture dans la mémoire.

Lorsque la Leçon est achevée, reprenez-la et lisez seulement les titres
de chapitres et de section, de manière à avoir une idée claire et
précise de l’armature de cette leçon.

Un bon exercice sera de rédiger de mémoire la table des matières.

\section{Les Exercices.}

Ne croyez pas pouvoir profiter du Cours en négligeant les Exercices.
Ils visent à remplacer des habitudes moins bonnes par des habitudes
meilleures.

Certains de ces exercices ont une valeur gymnastique ; il faut les
exécuter tels qu’ils sont prescrits, comme moyens d’assouplissement.

Mais beaucoup ne sont donnés qu’à titre d’exemples, afin que vous
en imaginiez d’autres du môme type, plus adaptés à vos besoins professionnels
ou personnels.

Ces derniers, que vous aurez conçus à votre usage, vous seront les
plus salutaires.

L’important est de vivre en Pelmaniste.

Étudiez et pratiquez une Leçon, dix jours au minimum, un mois au maximum.

Portez alors vos efforts sur la Leçon suivante, sans oublier que régulièrement
des révisions s’imposent, tous les trois mois, par exemple.

Avant d’exposer en détail le programme du Cours, nous devons donner
à l’Étudiant un certain nombre de directives générales qui lui ouvriront
aussitôt la voie conduisant à la puissance mentale et au succès.

Pour nous le mot succès ne désigne pas seulement la réussite matérielle,
mais aussi la réussite morale ; dans les deux cas, nos directives générales
sont également valables.

\section{Les bonnes Attitudes d’Esprit.}

La réussite ne dépend pas seulement, vous le savez déjà, des capacités
intellectuelles.

Elle dépend bien davantage de l’attitude prise à l’égard de la vie.

\section{Être Sincère avec Soi-même.}

La première condition pour s’améliorer est de bien discerner les causes
des échecs antérieurs, sans se laisser aller à cette tendance si répandue
qui consiste à accuser les

«circonstances » ou la « malchance ».

Soyez bien persuadé qu’on n’éprouve pas des échecs successifs sans
l’avoir mérité ; on a commis des erreurs, pire que cela : on a commis
les mêmes erreurs à plusieurs

reprises.

Certains, par vanité ou sottise, ne veulent jamais admettre qu’ils
aient tort.

D’autres ne veulent pas voir la réalité comme elle est, sitôt qu’elle
les gêne ou les blesse.

D’autres encore se sont fait à leur usage ou ont accepté, une fois
pour toutes, sur les choses et les gens, des opinions qu’ils sont
trop paresseux pour modifier.

Quelques-uns, timides, se taisent au lieu de s’affirmer ; d’autres,
arrogants et entêtés, suscitent ainsi des animosités.

L’Étudiant doit dès le début s’efforcer à être sincère vis-à-vis de
soi et d’autrui ; il ne doit pas redouter la critique, mais avoir l’esprit
« ouvert », c’est-à-dire capable d’enregistrer et d’évaluer les faits
nouveaux, les impressions nouvelles.

Cette sincérité sera le point de départ de la réforme selon le Pelmanisme.
Pas d’hypocrisie, pas de lâcheté mentale.

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Mais ce n’est encore là qu’une attitude en quelque sorte négative.
Nous demandons davantage.

Parmi nos Étudiants, il en est un grand nombre qui, sans avoir subi
d’échecs proprement dits, n’ont pas «réussi», au sens courant du mot ;
ils ont piétiné dans une situation médiocre, ils se sont vu dépasser
par d’autres qui, pensent-ils, «ne les valaient pas ».

\section{Avoir du Cran.}

Ces « autres » possédaient certaines qualités d’entrain, d’allant,
de « cran », grâce auxquelles ils ont sinon forcé, du, moins ouvert
les portes qui assurent l’accès aux positions supérieures.

Chacun peut acquérir ces qualités par un dressage volontaire de soi-môme.

Il faut à la fois l’audace, qui, loin de craindre le risque, le recherche
volontiers pour forcer la réussite, et la ténacité qui fait front
aux difficultés, aux embûches.

Il faut aussi ce qui flatte moins la gloriole, mais ce qui est plus
réellement glorieux ne pas se laisser rebuter par les insipides mesquineries
de la vie quotidienne, avec ses tâches fastidieuses ou simplement
insignifiantes, qui risquent de tarir l’enthousiasme.

Toujours répéter les mêmes actes, les mêmes paroles, la même lutte,
non pour vaincre, mais seulement pour « tenir », cela use l’ardeur
comme cela épuise la vie, et pourtant c’est nécessaire.

Il faut le faire ; et votre intérêt est de le faire avec bonne grâce.

Si vous ôtes ou souhaitez d’être un chef, prenez une fois pour toutes
l’attitude que comporte votre situation.

Acceptez-en d’avance les obligations, les ennuis, les servitudes :
vous aurez toujours trop de besogne ; vous devrez toujours supporter
des anicroches dans le travail, des dérangements dans votre application
 ; parer aux mômes inconvénients, répéter les mômes ordres ou les mômes
conseils…

Prenez-en votre parti à jamais.

Il y faut un apprentissage mental, dont le Cours fournit les principes,
et dont les Exercices préparent l’acquisition.

\section{Avoir toujours la Curiosité d’Apprendre.}

Une autre attitude mentale à laquelle nous tenons beaucoup est celle
du « savant ».

Un savant est un homme qui sait beaucoup, mais qui admet qu’il ne
sait jamais assez.

L’instruction n’est pas une qualité qu’on acquiert une fois pour toutes
et qui reste identique à elle-même ; c’est, au contraire, une qualité
qu’il faut développer continuellement.

Il ne faut jamais cesser d’apprendre ; chaque jour doit apporter une
pierre nouvelle à l’édifice intellectuel.

Donc, développez-vous par l’observation directe et par la lecture
instructive et réfléchie.

\section{Savoir Réaliser.}

Ce qui vient d’être dit de l’intelligence s’applique également à la
volonté.

Elle n’est pas quelque chose qu’on a en soi à un degré fixé une fois
pour toutes, comme on aurait une certaine quantité de liquide dans
un vase.

C’est, au contraire, une qualité qui diminue ou augmente selon qu’on
l’exerce peu ou beaucoup.

Vous devez appliquer votre volonté à toutes les circonstances, même
les plus ordinaires et les moins importantes ; perdez l’habitude de
reporter à « tout à l’heure » ou « à demain » tel ou tel acte que
vous savez nécessaire.

Bien mieux : agissez le plus vite possible en n’accordant à l’évaluation
des motifs qu’un temps très limité ; ne pesez le pour et le contre
que quelques minutes et entraînez-vous graduellement à diminuer votre
«temps personnel » d’indécision.

C’est ainsi, notamment, que vous résisterez à la fatigue et au surmenage,
dus si souvent à une accumulation maladroite de travaux ou de courrier
en retard.

Sérier l’ouvrage et ne pas le laisser traîner est un gage de succès
si important qu’un grand constructeur d’automobiles, qui avait, grâce
à notre Cours, évité le surmenage, le fit suivre aussi à toute sa
famille et aux ingénieurs de ses usines.

Chacun, d’ailleurs, peut et doit appliquer cette attitude mentale
dans sa sphère et dans la vie de tous les jours, aux petites circonstances
autant qu’aux grandes, à l’activité manuelle autant qu’à l’activité
intellectuelle.

Voici dans ce même ordre d’idées quelques petits conseils qui vous
donneront de grands résultats :

Ne revenez jamais sur le passé pour vous plaindre et récriminer.

D’une erreur ou d’un échec, efforcez-vous de tirer non seulement une
leçon, mais aussi un gain : considérez-les comme l’expérience utile
qui doit stimuler votre activité ; et même vous amener un profit.

Analysez les causes d’un succès, afin de vous en assurer de nouveau.

Tout succès n’est qu’un échelon et non pas un sommet.

\section{Savoir Travailler.}

Que vous soyez ouvrier, employé ou patron, identifiez votre intérêt
personnel à l’intérêt de l’affaire. Ne croyez pas que ce soit consentir
à être exploité ; c’est la condition du développement de votre personnalité.

Nous vous parlons, non en moralistes, mais en conseillers uniquement
soucieux de votre intérêt.

Ne dites pas que vous en faites toujours assez pour ce que vous êtes
payé, mauvais moyen de gagner davantage, mais faites un peu plus que
vous n’êtes tenu d’accomplir.

Dans tout travail, considérez le travail même et non pas seulement
le gain qu’il rapporte.

Ne craignez pas de faire mieux, même sans escompter de profit direct.

Élevez-vous sans cesse au-dessus de votre intérêt immédiat.

Rendez service le plus possible, sans désir de réciprocité et sans
crainte de passer pour naïf, ou pour « poire ».

Ne soyez pas jaloux du voisin qui fait mieux que vous, mais tâchez
de l’égaler, ou du moins de le surpasser sur quelque point.

Ne finassez pas, n’essayez pas d’être plus malin que les autres, mais
faites le travail comme il doit être fait.

Considérez-vous toujours par rapport aux autres. Tenez toujours compte
d’eux.

Quelque paradoxales que puissent vous paraître certaines de ces maximes
pour la sauvegarde de vos intérêts, admettez que notre expérience
nous autorise à en affirmer la valeur pratique.

Il s’agit de ne pas rester passifs dans la vie, mais de l’interpréter,
de la comprendre, de la transformer selon vos besoins.

Il s’agit d’utiliser toutes vos capacités en vue d’un but personnel
défini : réussir ; mais par des moyens honnêtes, sans faire de tort
à votre prochain, en l’aidant, au contraire,

de votre mieux, et cependant sans laisser porter atteinte aux droits
de votre personnalité.

Suivez et appliquez notre enseignement avec ardeur, et vous acquerrez
chaque jour davantage un cerveau plus puissant, plus efficient.

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\chapter{L’efficience mentale }

\section{Sa Valeur.}

Nous entendons par efficience mentale la puissance d’un esprit souple,
éveillé et précis qui est maître de ses moyens et capable, sans surmenage,
d’un rendement supérieur.

Son importance, évidente pour l’écrivain, le professeur, l’homme de
science, est moins apparente pour le commerçant, ou pour celui don
l’activité est surtout physique. Elle est cependant tout aussi réelle.

Grâce à l’efficience mentale, quiconque doit étudier comprend mieux
et retient plus sûrement ce qu’il apprend :

Il réalisera ainsi une grande économie de temps qui lui permettra
de se consacrer à d’autres travaux.

L’homme d’affaires n’en retirera pas moins de profits : la faculté
de saisir les plus petits détails, de les garder présents à l’esprit
de les comparer, de se rappeler les prix, les stocks disponibles,
les noms, adresses et particularités des clients, les contrats passés
avec eux, lui assurera sur ses concurrents un avantage certain.

En outre, dans toutes les professions, môme manuelles, l’efficience
mentale fait surgir des idées neuves, nombreuses, fécondes, et c’est
elle qui détermine ainsi le succès, car à l’origine de toute entreprise
heureuse, il y a une idée.

C’est enfin grâce à l’efficience mentale que cette idée se traduit
en actes et devient une oeuvre.

Pas de réelle efficience qui ne se traduise en action.

\section{Ses Trois Qualités Fondamentales.}

\subsection{Confiance en Soi.}

Pour obtenir les résultats dont nous vous parlons, il faut remplir
une première condition : avoir CONFIANCE EN SOI.

Rien n’est plus funeste au succès d’une oeuvre que de douter de soi
et de se défier de ses propres forces.

Tant qu’un homme a confiance en lui-même, il peut grimper sans danger
en haut d’une longue échelle ; mais, s’il a peur, il est pris de vertige
et court le risque de tomber.

Évitez au début de juger trop défavorablement vos facultés intellectuelles
 : elles sont sans doute meilleures que vous ne le pensez.

Vous croyez peut-être avoir une mémoire déplorable, alors qu’elle
est normale. Or, une mémoire normale peut beaucoup.

En réalité, le défaut dont vous vous plaignez n’est pas imputable
à votre mémoire elle même, mais à l’usage que vous en faites, et à
l’éducation que vous lui avez donnée.

Soyez persuadé que vous avez l’étoffe nécessaire et que nous connaissons
les moyens qui vous permettront d’utiliser au mieux vos facultés.

\subsection{Travail.}

\subsection{Le Progrès par l’Effort.}

Pour suivre avec fruit notre Cours, il faut acquérir une qualité plus
importante encore que la confiance en soi : l’amour du TRAVAIL, en
prenant ce mot dans le sens d’effort patient et continu, mais pas
nécessairement considérable.

Vous progresserez sûrement si vous fournissez de petits efforts successifs.
Prenez donc la résolution d’aller courageusement jusqu’au bout.

Il n’y a que le premier pas qui coûte. Vous serez bientôt encouragé
par le juste sentiment que vos forces s’accroissent.

La tâche ne sera ni monotone, ni désagréable, ni excessive ; elle n’exigera
môme pas un effort pénible ni une attention fatigante.

Notre méthode gradue les difficultés et conduit l’Étudiant pas à pas,
sans heurts ni secousses, jusqu’au but final.

Néanmoins, il faudra travailler.

Il ne suffit pas, pour acquérir l’efficience mentale, de payer des
honoraires, d’avoir sous la main des brochures et de se borner à lire
nos instructions. Les directives que nous vous fournirons et exercices
que nous vous prescrirons ne vous prendront que peu de temps, et vous
y trouverez un intérêt toujours plus vif.

Mais, si vous ne suivez pas nos recommandations et si vous négligez
nos Exercices, vous serez mal fondé à vous plaindre de n’avoir pas
fait de progrès.

N’objectez pas que le temps vous manque pour effectuer les exercices
prescrits.

Il doit être entendu, une fois pour toutes, que la meilleure façon
de les exécuter consiste à transposer dans l’ordre de vos obligations,
professionnelles, soit privées.

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Si vous opérez cette transposition, vous n’éprouverez, à suivre votre
préparation pelmaniste, aucune surcharge de travail ; vous vous acquitterez
même de vos obligations avec plus d’aisance et d’allégresse.

Le Pelmanisme n’est pas une spéculation dans laquelle vous placerez
des fonds qui vont au bout d’un certain temps, et sans aucun travail
de votre part, vous rapporter de gros intérêts.

C’est plutôt une affaire commerciale : vous engagez un capital qui
est le prix du Cours, vous travaillez à le faire fructifier et vous
vous trouvez, ainsi, en possession d’une source permanente de revenus
pécuniaires, intellectuels, moraux — dont la valeur est plusieurs
milliers de fois celle de la somme engagée.

C’est donc une opération profitable.

Ce n’est là pourtant que l’un des avantages de notre méthode : elle
ne se contente pas d’enseigner à travailler, elle donne à l’Étudiant
l’amour du travail.

Cette impulsion nouvelle exalte en lui des forces vives insoupçonnées
et fait de son effort laborieux une joie active et continue.

\subsection{La Loi de «l’Effet Latent»}

Mais il ne faut pas perdre de vue que les résultats d’un effort ne
sont jamais immédiats.

Aussi courte qu’elle soit, il existe toujours, entre la cause et son
effet, une phase qu’on peut appeler « le temps d’effet latent ».

Ce phénomène s’observe dans la nature entière, aussi bien dans le
monde inanimé que chez les êtres vivants.

Nous parlons, mais notre interlocuteur ne saisit pas notre parole
aussitôt que nous l’avons émise : il faut un temps, en l’occurrence
une petite fraction de seconde, pour que notre voix lui parvienne.

Le coup de maillet et le bris de la pierre sont séparés par un moment
où aucun effet n’est visible.

C’est le temps nécessaire aux transformations intérieures que doit
subir un milieu pour manifester les effets prévus.

Dans ces transformations relativement simples, le temps « d’effet
latent » est court.

Mais voici un cas différent : on sème une graine, on obtient une plante.
Là, les transformations intérieures sont infiniment plus complexes
et le temps « d’effet latent » atteint plusieurs mois.

Entre la contamination et l’éclosion d’une maladie s’écoule un certain
nombre de jours, de semaines, et môme (c’est le cas de la lèpre),
d’années. C’est « l’incubation » d’une maladie, pendant laquelle rien
ne nous indique que la contagion ait eu lieu.

La vie mentale obéit à la môme loi ; un effort psychique, un acte de
volonté ou toute autre forme de travail intellectuel ne donne son
résultat qu’au bout d’un certain temps.

C’est là un fait sur l’importance pratique duquel nous ne saurions
trop insister.

La plupart des gens qui se découragent vite, qui abandonnent une affaire
pour en entreprendre une autre, puis la quittent peu après pour une
troisième, sont de ceux qui méconnaissent la loi « d’effet latent
».

Ils se disent : «J’ai fait effort et l’affaire ne marche pas, c’est
donc qu’elle ne vaut rien ». D’autre part, on entend des gens dire
 : «Je n’ai rien fait, la chose s’est faite d’elle-même, tout s’arrange
comme je désirais, sans le moindre effort de ma part.

Voilà un cas où on récolte, sans s’en rendre compte, le résultat de
ses efforts antérieurs.

Mais gare à ceux qui, attribuant leur succès uniquement à la chance,
ne renouvellent pas leurs efforts : ils arriveront à épuiser le capital
qu’ils avaient amassé et un beau jour \textquotedbl{}n’ont plus de
chance\textquotedbl{}.

Ayez foi dans la valeur absolue de l’effort sachez attendre des résultats.

Ne précipitez rien : progressez pas à pas et donnez aux fleurs le temps
de s’ouvrir, aux moissons le temps de mûrir.

\section{Organisation du Temps.}

Toutefois, ne vous méprenez pas. S’il faut savoir attendre, il n’en
est pas moins nécessaire d’utiliser chaque moment !

Ceci nous amène à insister sur la troisième condition de l’efficience
mentale qui consiste à savoir tirer parti de tout son TEMPS.

Vous êtes mieux que personne à môme de savoir de combien de temps
vous disposez.

Si vous en avez peu, raison de plus pour le bien employer, vous n’en
serez jamais trop économe.

Il y a deux parts dans votre journée : celle qui est occupée au travail
professionnel et l’autre.

Dans l’utilisation rationnelle de chacune de ces deux parties, il
convient également d’employer sinon les minutes, du moins les quarts
d’heure pour obtenir un maximum de rendement avec un minimum de peine.

Il faut donc établir deux emplois du temps, l’un consacré au travail
obligatoire et l’autre au travail libre, personnel lequel à la longue
réagira sur le premier en augmentant sa valeur de rendement.

\subsection{Le Temps Professionnel.}

Le tableau d’un emploi du temps professionnel est évidemment variable
selon la nature de l’occupation rémunératrice.

Il y a des situations, celle de journaliste par exemple, où il s’agit,
paradoxe bizarre, d’organiser l’imprévu.

Dans d’autres, le travail quotidien est tellement régulier qu’on se
sent pour ainsi dire porté par lui.

Entre ces deux extrêmes se placent toutes les possibilités : le problème
consiste donc à arranger le temps consacré au travail selon certaines
règles qui conviennent au but poursuivi.

Ici se présentent toutes sortes de petits moyens, que la plupart des
employés ou des chefs découvrent par l’usage, mais qu’on peut cependant
apprendre dès le début en appliquant une théorie générale.

Étant donné que l’on veut économiser de la fatigue et du temps, il
importe d’abord, quand on a des subordonnés, de se décharger sur eux
de tout le travail proprement mécanique.

Un directeur ne doit pas perdre de temps à ouvrir les enveloppes de
son courrier puisqu’un employé spécial (secrétaire ou chef de la correspondance)
ou une machine peut le faire.

Voici un dicton américain que doivent méditer les Européens : \textquotedbl{}Libère-toi
de tout travail que tu peux faire faire à un autre en le payant ; ainsi,
ton esprit restera vivant\textquotedbl{}

Ce dicton a surtout une grande valeur pratique pour les chefs : mais
les subordonnés peuvent s’en appliquer un autre. \textquotedbl{}C’est
en forgeant, dit un proverbe latin, qu’on devient forgeron\textquotedbl{}.

Ce qui signifie, entre autres, qu’il faut avoir fait du travail d’apprenti,
de ses mains ou de son cerveau, avant d’être apte à distribuer du
travail aux autres et d’en critiquer les résultats.

Aussi recommandons-nous à nos étudiants :

1 O de bien étudier le mécanisme du travail qu’ils ont à exécuter ;

2 O de chercher sur quels points ils peuvent faire une économie de
fatigue et de temps, personnelle ou collective ; car ce qui profite
à l’un doit profiter à tous.

Il va de soi que le temps professionnel doit être divisé d’une manière
méthodique en tenant compte du but poursuivi.

S’il s’agit, par exemple, d’une industrie, on devra établir un plan
annuel ou saisonnier, s’occuper six mois à l’avance de la \textquotedbl{}saison\textquotedbl{}
suivante.

D’autres professions exigeront un emploi du temps trimestriel ou mensuel
(représentants de commerce), hebdomadaire (la plupart des salariés
payés à la semaine), ou môme journalier.

Ce dernier cas est le plus fréquent. Il sera bon de noter la veille
sur un carnet ou sur

une fiche les tâches à faire le lendemain, afin de ne pas perdre le
temps de la \textquotedbl{}mise en train \textquotedbl{}.

Il faudra, en outre, les sérier par ordre d’urgence et d’importance,
et réserver un certain temps pour l’imprévu.

Bref, considérez les moments de la journée comme agencés les uns par
rapport aux autres de la môme manière que se commandent les divers
rouages d’une machine.

Vous passerez alors d’une série d’occupations de détail à une autre
sans éprouver la sensation pénible d’un arrêt brusque, d’une secousse.

L’Emploi des Loisirs.

Bien des gens sont ordonnés à l’atelier, au bureau, mais sans méthode
aucune dans l’usage de leurs loisirs.

Ils n’ont jamais compris que s’ils vendent de leur temps, 8 ou 10
heures par jour à autrui, c’est pour pouvoir s’assurer deux ou trois
heures où ils ne dépendent que d’eux mêmes, et que ces trop rares
instants de tranquillité sont l’essentiel de leur existence.

Voilà les seuls moments où ils peuvent se préparer à valoir davantage
plus tard, à augmenter leur instruction, à réformer leur caractère.

Ils croient \textquotedbl{}se reposer\textquotedbl{} en perdant leur
temps ; ils ne réussissent qu’à gaspiller leur énergie dans des occupations
oiseuses ou malsaines, quand ce n’est pas dans l’ennui.

Ainsi se gâche tout le bénéfice de leur travail. Saboter l’emploi
de ses loisirs, c’est comme mettre le salaire que l’on gagne dans
une poche percée.

Moins vous avez de temps à vous, plus il vous est précieux.

De môme que vous avez un emploi du temps professionnel, dressez un
plan de travail pour vos soirées, dans le genre de celui que nous
vous présentons ci-dessous :

EMPLOI DU TEMPS DES LOISIRS

Le Soir.

de6à7h.,7à8h.,8à9h.,9àlOh.,lOàllh.

Lundi

Mardi

Mercredi.

Jeudi

Vendredi

Samedi

Supposons que vous ne soyez libre qu’à partir de 6 heures du soir.

Vous aurez besoin de dîner et de prendre quelque distraction.

Il vous appartient de répartir votre temps entre ces occupations et
le Pelmanisme.

Nous estimons que si vous étudiez le Pelmanisme de 8 heures à 8 h.
1/2 ou 9 h., et faites une promenade avant de vous coucher, vous aurez
judicieusement partagé votre temps entre le travail et la récréation.

Si, pour vous rendre à destination, il vous faut prendre le train,
le tramway ou le métro, n’oubliez pas d’emporter votre Leçon en cours,
sinon pour l’étudier à fond pendant le trajet ou au moins pour en
lire quelques passages et y réfléchir.

En effet, les vibrations du véhicule déterminent une fatigue des yeux
qu’il vaut mieux éviter. Mais ne pas lire n’empêche pas de penser.

Ce n’est pas apprendre le Pelmanisme qu’il vous faut, c’est le comprendre
et en assimiler la méthode.

Sachant ce que vous avez à faire pendant toute la semaine, vous pourrez
répartir convenablement votre temps.

Il est probable que des circonstances imprévues vous obligeront, parfois,
à négliger quelque peu votre programme, par exemple pour aller au
théâtre, au cinéma, au concert, à une réunion familiale ou corporative.

Mais veillez à ce que ces irrégularités soient tout à fait exceptionnelles
au moins pendant l’étude de notre Cours.

Page 24

Votre emploi du temps n’est pas simplement un répertoire de projets
inscrits sur votre agenda, c’est une règle, une discipline que vous
devez vous imposer.

Tant pis si, le moment venu, cela contrecarre votre paresse, ou entrave
vos fantaisies.

À moins qu’un intérêt supérieur ne vous conseille de faire exception
à la règle, la règle préalablement fixée doit être suivie.

Prenez tout de suite, dès le début, l’habitude de vous maîtriser vous-même.

Un travail méthodique porte \textquotedbl{}toujours ses fruits\textquotedbl{}.

Très justement, un savant disait : \textquotedbl{}Les hommes se métamorphoseraient,
s’ils savaient seulement que faire d’eux-mêmes lorsqu’ils ont terminé
leur tâche quotidienne\textquotedbl{}.

L’Étudiant trouvera dans la Leçon 10, sur la Culture de l’Esprit,
des conseils pratiques pour l’utilisation de ses loisirs.

Un mot encore avant de quitter ce sujet capital, l’organisation du
travail.

Personne ne pourrait, du jour au lendemain, devenir ordonné dans tous
ses actes, de désordonné qu’il était.

Inutile de dresser un emploi du temps sur le papier en vous flattant
de réaliser d’un coup ce programme.

Pour aller vite, daignez procéder lentement. Sinon, ou vous ne ferez
rien, ou vous abandonnerez aussitôt l’effort.

Acquérez peu à peu cet emploi du temps bien ordonné que nous vous
prescrivons.

Une semaine pour fixer chaque habitude nouvelle telle tâche à telle
heure c’est bien assez de rapidité, et c’est infiniment plus sûr que
de prétendre réussir en brûlant les étapes.

Essayez : en peu de mois, vous serez devenu quelqu’un de remarquablement
ordonné, sans qu’il vous en ait coûté grande peine.

r r r r r r- r f- r

\chapter{L’inefficience mentale, ses causes}

L’inefficience mentale se manifeste dans la vie sous toutes sortes
de formes, les unes temporaires et superficielles, les autres plus
graves : toutes sont guérissables si d’une part on en supprime les
causes, si d’autre part on soumet son esprit à un traitement approprié.

Les Tares Héréditaires peuvent être Compensées.

1. Quels que soient les désavantages dont un homme normal ait à souffrir
de par son hérédité, il peut être sûr que ses succès futurs dépendent
surtout de lui-même.

Certes, il est bon d’être issu d’une famille saine ; mais n’oubliez
pas que les influences ancestrales qui agissent sur vous sont extrêmement
nombreuses et complexes, et qu’aucune fatalité ne vous astreint à
\textquotedbl{}hériter \textquotedbl{} plutôt de tel ancêtre que de
beaucoup d’autres.

Ne soyez pas obsédé par l’idée de l’hérédité fâcheuse que peut-être
vous avez dans votre lignée.

Soyez vous-même, par votre activité propre.

Faites-vous personnel et autonome, par votre décision à vous.

Regardez-y à deux fois avant d’imputer à vos parents la responsabilité
de défauts que vous avez peut-être acquis ou renforcés.

Et même s’il y a des présomptions que vous deviez à vos ascendants
votre faiblesse de mémoire, ou telle autre imperfection intellectuelle,
ayez à cour, vous, d’y parer par une saine discipline qui vous permettra
de transmettre à vos enfants, le cas échéant, une hérédité meilleure.

\section{Les Méthodes Scolaires sont Défectueuses.}

Malgré les efforts de la pédagogie moderne, l’école elle-même est
une cause importante d’inefficience mentale.

La recherche de résultats rapidement obtenus, l’accumulation de connaissances
disparates dans le seul but de s’en souvenir le jour de l’examen,
la séparation plus ou moins artificielle de la vie scolaire et de
la vie familiale et sociale, l’enseignement des faits et non pas des
méthodes de travail, sont autant d’inconvénients qui atrophient chez
la jeunesse les facultés intellectuelles.

À tous ses degrés, l’enseignement donne des connaissances, mais ne
développe pas systématiquement les aptitudes.

Insuffisantes au point de vue intellectuel, les méthodes scolaires
le sont peut-être encore davantage quant à l’éducation de la sensibilité
et de la volonté.

Chez les jeunes gens, c’est à à peine si elles éveillent le sentiment
esthétique.

Et combien peu elles cultivent en eux les indispensables qualités
d’énergie, de décision, d’initiative dont ils auront plus tard si
grand besoin !

Comme elles ne développent pas nos diverses facultés, a fortiori n’opèrent-elles
pas le développement harmonieux de l’esprit.

Elles ne préparent donc pas directement à la vie active.

Le Pelmanisme a pour but de remédier à ce défaut fondamental : aux
jeunes garçons et aux jeunes filles il apprend à considérer du point
de vue de l’adulte, non de l’enfant, le cycle de leurs études.

Il enseigne à grouper les faits autrement que d’après leurs formes
extérieures, à en chercher le sens et les rapports internes ; à préparer
des examens non seulement en vue d’un diplôme, mais de manière que
les connaissances acquises puissent être utilisées plus tard dans
les diverses circonstances.

Bref, le Pelmanisme est le Fil d’Ariane qui permet de se guider dans
l’obscur et complexe Labyrinthe dès faits et dans la lutte pour la
vie.

\section{L’Absence de Discipline Intellectuelle après la Scolarité est Néfaste.}

3. Malgré ses imperfections, l’enseignement public, à tous ses degrés,
confère un certain maniement des mots et des idées. De plus, l’autorité
du maître impose certaines habitudes d’attention ; la crainte des punitions
et la nécessité, passer des examens développent la mémoire.

L’important, pour réussir dans la vie, est de conserver et d’augmenter
le bénéfice de l’entraînement scolaire.

Or, le plus souvent, quand les années d’école sont finies, l’adolescent
cesse cet entraînement ; de sorte que l’absence de discipline devient
l’une des principales causes de l’inefficience mentale.

Hors des heures consacrées aux occupations quotidiennes, les jeunes
adultes n’ont personne pour guider et organiser leurs efforts ; la
lecture môme, telle qu’ils la pratiquent, satisfait la curiosité sans
cultiver méthodiquement l’intelligence.

L’âge adulte est trop souvent celui où l’on ne veut plus recevoir
aucune leçon, non seulement d’autrui, mais môme des faits, de l’expérience.

Aucun préjugé ne fait plus de mal à l’humanité.

Faut-il s’étonner, après cela, que bien des hommes et des femmes de
25 ans se trouvent incapables de concentrer leur pensée ?

Ils ont renoncé à la discipline mentale que l’école leur avait inculquée,
et ont contracté de mauvaises habitudes intellectuelles.

Le Pelmanisme, au contraire, professe que l’éducation doit durer autant
que la vie ; qu’il faut chercher partout des occasions de s’instruire ;
et, plus encore, qu’à tout âge une discipline mentale est nécessaire,
comme est nécessaire une hygiène corporelle.

L’absence de règle, prise à tort pour une émancipation ; n’est que
dissipation et ne produit qu’impuissance.

Seuls vont loin les hommes qui s’imposent une discipline volontaire
alors qu’ils n’ont plus l’âge d’en subir une, soit du maître d’école,
soit de l’autorité militaire.

Pensez-y.

\section{Les Maladies, Entraves au Progrès.}

4. Les maladies, et particulièrement celles d’origine nerveuse, peuvent
dans certains cas être une cause d’inefficience mentale.

Ce sont surtout l’attention et la mémoire qui risquent d’être atteintes.

Il sera bon, dans ce cas, de suivre un traitement à la fois mental
et physique, en agissant avec prudence, sans précipitation et sans
se livrer au découragement.

Il ne faut pas se laisser impressionner par des suggestions négatives,
telles que : \textquotedbl{}Ma mémoire ne s’améliorera jamais !\textquotedbl{}.

Il ne faut pas non plus négliger le corps. Découragement moral et
négligence physique sont également préjudiciables aux facultés intellectuelles.

Soyez donc d’abord fermement résolu à vous maintenir en bonne santé
 : n’oubliez pas que l’hygiène, le régime, la constance dans les soins
physiques requièrent un esprit maître de soi, réfléchi et persévérant.

Sachez qu’il n’y a pas de limite à l’influence salutaire qu’exerce
sur le physique un moral excellent.

Rééduquez ensuite scientifiquement les fonctions défectueuses, en
évitant la fatigue, car tout surmenage compromettrait le succès.

L’Âge est rarement un Obstacle.

5. Suis-je trop vieux ? Voilà une question que nous pose, après se
l’être posée à lui-même, plus d’un lecteur ayant dépassé la cinquantaine.

La limite d’âge de l’efficience mentale varie avec les individus.

Si un homme a négligé, pendant une ou plusieurs dizaines d’années,
de cultiver son intelligence, il lui faudra, évidemment, assez longtemps
pour remédier aux défauts dont il souffre ; mais il pourra du moins
empêcher son esprit d’aller plus longtemps à la dérive.

Il est même possible qu’il recouvre une grande partie de ce qu’il
avait perdu et c’est là un résultat que tout homme consciencieux devrait
se procurer.

Si, d’autre part, un homme de plus de cinquante ans a conservé une
intelligence active, il est fondé à croire qu’il peut encore l’améliorer.

Les recherches, sur ce point, ont permis de constater que nombre d’hommes
célèbres n’ont produit leurs meilleures oeuvres qu’après la cinquantaine.

N’est-ce pas vers cet âge que Pasteur se lança dans la médecine expérimentale ?

Les principaux travaux de Fabre, le célèbre entomologiste, ne datent-ils
pas de sa mise à la retraite ?

Une dame déclara un jour à Émile Boutroux \textquotedbl{}qu’elle ne
croyait pas à l’âge\textquotedbl{} ; et l’illustre philosophe, écrivant
à ce sujet à l’Institut Pelman, assura que, sans nul doute, on attache
à l’âge une importance excessive en s’attendant à voir baisser les
facultés intellectuelles vers 55, 60 ou 70 ans.

L’expérience démontre, au contraire, que, si l’on cultive son esprit,
le nombre des années a beaucoup moins d’influence qu’on ne se l’imagine.

Moins souple que lei jeune homme, l’homme d’âge est, à certains égards,
plus apte à profiter de notre méthode, car il est moins exposé aux
entraînements ; l’expérience n’est plus un vain mot pour quelqu’un
d’assagi par la vie.

Si réellement vos facultés \textquotedbl{}se rouillent\textquotedbl{}
au seuil de la vieillesse, c’est plus que jamais le moment de les
\textquotedbl{}dérouiller\textquotedbl{} par un exercice méthodique.

L’esprit, comme le corps, s’entretient dispos et alerte par une gymnastique
appropriée.

C’est un mérite essentiel du Pelmanisme, que de faire bénéficier les
jeunes de l’expérience des vieux, les vieux de l’ardeur et de la souplesse
des jeunes.

-r

Page 29

\chapter{IV. LE MÉCANISME DE L’ESPRIT}

Comme notre méthode repose sur la psychologie, de môme que la médecine
sur la biologie un rudiment de connaissances psychologiques est nécessaire
à tout Étudiant.

L’exposé qui suit n’est que préliminaire ; nous en reprendrons les
divers points dans les Leçons suivantes.

\section{Unité de l’Esprit Humain.}

1. Que savons-nous sur l’esprit ? C’est là un sujet encore bien mystérieux.

Cependant nous tenons un certain nombre de vérités bien assurées.

Ainsi :

L’esprit est TIN, quoiqu’il comporte trois aspects : sentiment, intelligence,
volonté.

Prenons, comme exemple, l’étude d’une langue étrangère.

a) Voici un jeune homme qui, se destinant au commerce, désire vivement
apprendre le russe. Quel est le terme qui définit le mieux son état
d’esprit ? Le SENTIMENT, sans aucun doute, c’est-à-dire le grand désir
qu’a ce jeune homme d’apprendre une langue étrangère, parce qu’il
espère en retirer, par la suite, d’appréciables avantages.

b) Maintenant, supposons qu’ayant l’argent nécessaire pour s’assurer
les services d’un professeur, il étudie de son mieux le vocabulaire
et la grammaire.

Il rencontrera évidemment plus d’une difficulté qui l’obligera à de
vigoureux efforts d’attention.

Il faut que ce jeune homme comprenne les règles de la grammaire et
se les rappelle, et lorsque des comparaisons sont faites entre le
russe et le français, il doit rechercher les analogies et les différences
de ces deux langues.

Ces opérations de l’esprit sont du ressort de la PENSÉE.

c) Mais le russe est difficile et les obstacles se multiplient. Notre
étudiant va-t-il se décourager ?

Après une lutte intérieure, il prend la résolution de persévérer dans
son entreprise et d’apprendre à fond la langue qu’il étudie.

En un mot, il exerce sa VOLONTÉ.

Sentiment, Pensée, Volonté, sont les trois principaux aspects de l’esprit
humain.

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Il n’est pas d’opération mentale qui ne soit du ressort de l’un d’entre
eux.

Le sentiment est l’intérêt que nous prenons à ce qui nous entoure,
comme susceptible de nous procurer plaisir ou douleur.

L’intelligence est l’aptitude à connaître et à combiner nos connaissances.
La volonté est l’activité dirigée par l’intelligence.

Faut-il en conclure que ces trois formes de l’activité constituent
dans notre esprit trois compartiments distincts ?

En aucune façon.

L’esprit est UN. Ne perdez pas de vue cette vérité essentielle.

\section{Les Trois Facultés de l’Esprit agissent les unes sur les autres.}

2. Comment arrivons-nous donc à définir les trois manifestations de
l’esprit ?

— En recherchant quel est l’élément qui, à un moment donné, l’emporte
sur les autres.

Si, en vous approchant d’un passant, vous lui donnez une forte tape
dans le dos, l’esprit de cet homme sera aussitôt dominé par un sentiment,
sentiment de colère et d’indignation.

La pensée cependant n’est pas absente : il se demande la raison de
cette agression et de plus, au bout de quelques secondes, sa volonté
s’affirme et il manifeste l’intention de riposter.

À ce moment, sa volonté est prépondérante, sans que sa pensée et son
sentiment aient cependant disparu.

Car, en reconnaissant dans l’agresseur un ami, il arrête net cette
riposte et vous dit bonjour ou vous tend la main.

Si d’autre part, rentré chez vous, vous essayez d’analyser les raisons
de votre acte, vous constatez qu’il a été déterminé par une série
d’impressions visuelles, de raisonnements et de jugements qui vous
ont permis de reconnaître un ami vu de dos, autrement dit par des
pensées.

De plus, vous avez éprouvé un sentiment de joie à retrouver cet ami ;
enfin votre geste a été provoqué par la volonté que vous aviez de
l’obliger à se retourner.

Naturellement ces trois formes d’activité mentale ont été enchevêtrées
pendant les quelques secondes qui se sont écoulées de la première
perception à l’acte.

\section{Synthèse Psychique ou Harmonie Mentale.}

3. D’aucuns demanderont : \textquotedbl{}À quoi bon ces explications ?
En quoi intéressent-elles notre progrès mental ?\textquotedbl{}

Elles sont, en réalité, fort importantes, en ce qu’elles montrent
l’interaction des activités mentales, et leur complexité. Ces rapports
seront exposés plus longuement dans les Leçons suivantes.

Pour le moment, pénétrez-vous de cette notion essentielle : l’unité
de l’esprit n’est possible que si les trois facteurs dont nous venons
de parler sont en état d’équilibre.

Évitez l’excès du sentiment, la faiblesse de la volonté et l’outrance
de la pensée.

Établir entre les fonctions intellectuelles et morales un équilibre
durable, tel est le but de la méthode d’éducation élaborée par l’Institut
Pelman.

C’est cet équilibre que nous appelons Synthèse Psychique ou Harmonie
mentale.

\subsection{A. Le Sentiment est Primordial et Fondamental.}

4. Chaque sensation, chaque idée, s’accompagne toujours de sentiments
qui constituent son fond affectif.

Ainsi, en pensant à une entrevue d’affaires, nous n’éprouvons pas
le môme sentiment qu’en évoquant l’image de quelqu’un de notre famille ;
le brouhaha du théâtre, avant le lever du rideau, et le bruit de la
rue que nous traversons s’accompagnent d’une atmosphère affective
toute différente.

Autant il existe de situations, autant il y a de sentiments : à faire
une course en auto, voler en avion, se trouver sur un bateau, les
sensations changent, mais aussi les sentiments.

Et combien diffèrent les sentiments selon les individus !

À la vue de la môme personne, du môme objet, à l’égard de la môme
idée, chacun aura des sentiments particuliers : l’un sera attiré,
l’autre se sentira repoussé, un troisième restera indifférent.

Quoique en relation étroite avec l’intelligence, le sentiment a donc
sa nature propre ; c’est la vie mentale considérée sous son aspect
le plus intime, le plus personnel.

Le sentiment fait naître le désir.

Vous apercevez, au penchant d’une colline, une maison attrayante et
rêvez d’en posséder une semblable.

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Vous apprenez qu’un de vos camarades d’enfance, dont les capacités
vous semblaient médiocres, est parvenu à une brillante situation et
vous vous demander pourquoi vous n’arriveriez pas à l’égaler.

Le sentiment, sous la forme du désir, nous pousse sans cesse à l’action,
et c’est la pensée qui, jugeant en dernier ressort, décide pour ou
contre chaque projet qui lui est présenté.

La base est l’appétit pour ce qui entretient la vie, le désir de se
créer une famille, de se faire une situation, d’acquérir du bien-être.

Voilà quelques-uns des moteurs fondamentaux de l’activité.

Mais il existe aussi des sentiments supérieurs : amour de la nature,
de la beauté, de la patrie, du prochain.

Lorsque nous contemplons les étoiles, nous n’avons d’abord qu’une
sensation de lumière vive et mobile.

C’est ensuite l’immensité de l’espace et la pluralité des mondes que
nous évoquons, et un sentiment d’étonnement, d’admiration, de trouble
ou de foi nous saisit.

La vue d’un tableau, l’audition d’une sonate ou d’une mélodie chantée
avec art peuvent nous inspirer une vive émotion.

Et lorsque nous nous inclinons sur la tombe où repose un de ceux qui
combattirent vaillamment et moururent pour leur patrie, nous sommes
troublés tour à tour par les sentiments les plus profonds et môme
les plus opposés : douleur causée par la perte d’un homme plein de
force et d’espoir, admiration pour le sacrifice, angoisse devant le
mystère de la mort, reconnaissance pour celui qui nous a sauvés…

Le sentiment est le fond môme de notre nature psychique.

Les sensations sont les stimulants qui l’éveillent ; par la pensée,
nous pouvons définir nos sentiments, les communiquer à autrui ou les
transformer en activité.

Il se manifeste comme essentiel et primordial, dès le début de la
vie humaine.

Le nouveau-né, bien avant qu’on puisse lui attribuer la plus faible
lueur d’intelligence, donne déjà des signes incontestables d’affectivité.
Il souffre ou est mécontent, et il se calme ou se réjouit lorsqu’on
satisfait à ses besoins.

Il croît, il se transforme peu à peu en un être doué d’intelligence
et de volonté.

Mais la structure fondamentale de l’esprit reste toujours la môme
 : nous ne pensons et agissons qu’autant que nous sommes capables de
sentir.

Une mère peut accomplir des efforts surhumains s’il s’agit de sauver
son enfant, de môme que le soldat pour défendre sa patrie ; le savant,
animé du \textquotedbl{}feu sacré\textquotedbl{}, se montre infatigable
dans sa recherche.

Otez à tous ces gens leurs sentiments, et vous verrez cette activité
disparaître.

Non seulement le sentiment guide notre pensée et anime notre activité,
mais il est la condition indispensable de leur existence.

La pathologie mentale nous en fournit des preuves : La \textquotedbl{}démence
précoce\textquotedbl{}, caractérisée par une disparition progressive
de l’intelligence et de la volonté, commence par un \textquotedbl{}nivellement
affectif’.

Le malade perd son intérêt à la vie et devient indifférent à tout
ce qui le passionnait naguère.

Dans cette période de début, son intelligence reste encore lucide,
mais on la voit rétrograder à mesure qu’augmente son apathie ; enfin
il devient tout à fait indifférent à ce qui l’entoure, et l’incohérence
est complète.

\subsection{Le Sentiment ne doit être ni Dédaigné, ni Flatté, mais Cultivé.}

5. Par conséquent, celui qui négligera ses sentiments, élément essentiel
de sa personnalité, ne pourra manquer d’en éprouver un sérieux dommage.

Sur un homme qui dédaigne le sentiment, il n’est pas rare que le sentiment
prenne sa revanche. Il est plus sage de ne pas chercher à mutiler
notre nature.

Ce qu’il faut, c’est en tirer parti, en coordonnant nos tendances
innées ou acquises.

Certes, nous ne nions pas que le sentiment, à cause môme de son importance
foncière, ne risque souvent de posséder tout l’esprit, de l’accaparer
avec tyrannie.

D’où le thème constant des moralistes : sachez penser, vouloir, et
ne vous contentez pas de désirer ; l’homme est esclave par ses sentiments,
mais libre dans la mesure où il pense et veut ; il faut savoir endiguer,
restreindre, réprimer ses désirs et ses appétits.

Rien de plus certain.

Mais on y arrive généralement, et sans se mutiler, par la culture
du sentiment.

Il suffit de donner la prééminence aux sentiments supérieurs, qui
affinent et perfectionnent l’homme.

Ils donnent à notre nature sensible une satisfaction légitime, qui
non seulement nous préserve de dangereuses aberrations, mais nous
ouvre l’accès d’une civilisation plus évoluée.

Page 34

\subsection{Rapport du Sentiment avec le Développement Mental.}

6. Certains Étudiants vont peut-être objecter :

\textquotedbl{}Je suis ce Cours d’éducation mentale dans le but d’augmenter
mes revenus. Peu m’importent la poésie, la peinture, la musique\textquotedbl{}.

Mais quelle triste figure fera notre coureur d’argent lorsqu’il lui
faudra parler d’autre chose que d’affaires !

Il pourra à peine assembler trois phrases, et encore n’auront-elles
avec le sujet de la conversation que de lointains rapports.

Il y perdra de son prestige alors qu’un homme bien informé en eût
gagné.

Tous deux sont capables de conclure une affaire, mais l’un d’eux sait
s’intéresser aux choses qui ne rapportent pas un bénéfice monnayable,
d’où sa supériorité.

Le succès pratique est dû, pour une large part, à une féconde imagination.

Or, rien ne stimule plus l’imagination que le sentiment.

Vous faites donc un faux calcul si, comme homme d’affaires, comme
ingénieur ou comme chimiste, vous \textquotedbl{}ne connaissez que
les chiffres\textquotedbl{} et si vous méprisez \textquotedbl{}les
impondérables\textquotedbl{}. Ils sont, plus souvent que vous ne croyez,
le ressort de votre énergie.

En quoi votre dédain de l’imagination en matière d’art, de musique,
de poésie, pourra-t-il augmenter la puissance de votre imagination
dans le domaine des affaires ?

Si, au contraire, vous cultivez sous n’importe quelle forme votre
sensibilité et votre imagination, facultés éminemment utiles dans
les affaires, vos capacités d’homme pratique n’en seront-elles pas
accrues ?

Rappelez-vous le but du Pelmanisme : réaliser chez l’individu la synthèse
de toutes les fonctions par rapport au milieu dans lequel il vit,
ou dans lequel il voudrait vivre.

\section{B. L’Intelligence est Sensation, Mémoire, Jugement.}

7. Notre seconde faculté, c’est l’intelligence. Elle commence avec
les sensations.

Vous avez des yeux, des oreilles ; vous possédez le toucher, qui vous
renseigne sur la forme, la structure des objets, leurs positions relatives.

Ces trois sens, et aussi les autres, odorat et goût, peuvent vous
procurer, si vous consentez à les éduquer, au lieu de connaissances
médiocres et limitées, des connaissances nombreuses et précises.

Page 35

Apprenez à vous servir de ces merveilleux instruments.

Si d’aventure vous ôtes myope, presbyte, dur d’oreille, ne vous tenez
pas pour inapte à la culture de vos sens ; au contraire, développez-la
plus que le commun des hommes, afin de suppléer par l’exercice à une
insuffisance physique.

Toute notre information sur le monde requiert l’usage de nos sens,
en particulier de la vue et de l’ouïe, qui fournissent les données
les plus précises.

Concevez, si possible, l’effroi d’obscurité, de silence, dans lequel
sont plongés les aveugles, les sourds de naissance ; mettez en parallèle
ce que ces deux sens supérieurs nous assurent de renseignements sur
les choses, de communications avec nos semblables, d’utilité et de
joies.

C’est grâce à eux qu’il peut faire bon vivre.

Mais à quoi servirait d’avoir éprouvé des sensations si elles s’évanouissaient
aussitôt perçues, sans laisser en nous de traces ?

L’esprit est heureusement ainsi fait, que ce qu’il a éprouvé demeure
en lui, même quand on n’y pense plus.

Ces sensations de jadis que nous conservons, peuvent nous revenir,
moins fraîches, certes, mais vives et présentes encore, quoique tenues
pour \textquotedbl{}passées\textquotedbl{}.

C’est ce fait que tous nous appelons mémoire. Sans elle, pas d’expérience,
pas d’accroissement de connaissances proportionnel au nombre des sensations
éprouvées.

Supposez, par exemple, que vous veniez de perdre la mémoire, comme
il arrive dans certains chocs ou par l’effet de certaines maladies
 : quand on vous présenterait vos vêtements, vous ignoreriez ce qu’ils
sont, à quoi ils servent, quel usage vous en pouvez attendre.

Par contre, votre aptitude à vivre, à agir, sera d’autant plus grande
que vous aurez des souvenirs plus riches, plus fidèles, car nous ne
comprenons le présent et n’organisons l’avenir qu’au moyen de nos
ressources mentales déjà acquises.

L’enrichissement et l’assouplissement de votre mémoire sont ainsi
une condition essentielle de vos progrès ultérieurs.

Chacune, ou presque, de nos Leçons, en vous instruisant sur un certain
aspect de l’esprit, vous fournira des indications dont vous ferez
votre profit pour cette tâche urgente.

Or, sentir et se remémorer n’ont d’utilité que si nous tirons parti,
pour une oeuvre personnelle, de l’expérience acquise.

La vie nous pose, à chaque instant, des problèmes nouveaux.

Comment donner un plus grand essor à mon entreprise ?

Comment boucler le budget de fin de mois ?

Comment agir à l’égard d’un ami ou d’un concurrent ?

Vous ne découvrirez de solutions à ces questions pratiques que si
vous adaptez votre expérience aux situations présentes.

Cherchez donc, dans votre stock de souvenirs, des indications pour
trouver une issue à la situation actuelle.

Cela, c’est comparer, juger ; autrement dit, agencer de façon originale
les images, les idées que nous possédons.

Voilà, par excellence, d’où vient la supériorité de l’homme intelligent
sur les autres.

Apprendre à observer, à réfléchit, à raisonner, à décider, rien ne
vous importe plus, car de là dépend tout votre succès dans la vie.

\section{C. La Volonté est : Organisation de l’Activité par l’Intelligence.}

8. Votre troisième faculté, la volonté, se fonde sur les deux autres.

Pas d’activité sans la poussée intérieure du sentiment.

Mais cette poussée, qui est aveugle, peut suggérer l’absurde, l’irréalisable.
Elle n’aboutit à des actions raisonnables et utiles que si la pensée
la dirige.

Or cette activité intelligente, c’est la volonté.

Ce n’est qu’en apprenant à vouloir que vous serez en mesure de poursuivre
un but et de vous réaliser vous-même.

Par l’Esprit comme par le Corps on récolte ce qu’on a Semé.

9. Chacun connaît la faiblesse que peut laisser en nous une maladie,
et au contraire la souplesse que peut faire acquérir un bon entraînement
corporel.

La psychologie abonde en exemples correspondants. Notre esprit est-ce
que nous l’avons fait et deviendra ce que nous le ferons.

Il y a là une continuité qui doit non nous accabler, mais nous donner
confiance.

Il est sans doute des événements dont nous ne sommes pas seuls responsables
une dépression nerveuse peut suivre un effort fait pour rétablir des
affaires compromises : un grand chagrin peut amoindrir l’activité
du cerveau ; un accident peut

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enlever à l’esprit sa vigueur primitive ; mais, en dépit de ces infortunes,
la loi de cause à effet reste inéluctable.

Nous n’en avons donc que plus de motifs pour développer et préserver
nos facultés mentales comme nous développons et préservons nos facultés
physiques.

Ce n’est point là une leçon de morale : c’est une vérité scientifique.

Ce que vous ôtes aujourd’hui, vous le devez à ce que vous fûtes hier,
à ce que vous avez fait ou négligé de faire pendant les années écoulées.

De môme, le présent d’aujourd’hui est le passé de demain.

Ce que vous gagnez en ce moment par le Pelmanisme vous profitera aussi
dans l’avenir.

Si vous le pratiquez, par exemple, à trente ans, vous en ressentirez
encore les heureux effets à 50 et môme plus tard, parce que vous avez
pris une fois pour toutes de bonnes attitudes à l’égard de la vie
et parce qu’une faculté bien développée conserve toute sa vigueur
si on continue à l’exercer.

Le capital que vous placez dans le Pelmanisme vous assure, dès maintenant,
un esprit efficient et, pour vos vieux jours, la vigueur mentale.

La Moralité et le Développement Mental.

10. La fonction de l’intelligence n’est pas surtout de diriger notre
activité vers des buts matériels ; elle doit aussi nous faire comprendre
l’importance de la moralité.

Le sens moral est nécessaire au développement complet de l’individu.
Vous ne sauriez être un homme \textquotedbl{}civilisé\textquotedbl{}
que si vous faites de votre intelligence non seulement un instrument
de votre propre réussite, mais aussi un bien pour votre entourage.

Mieux encore, vous ne développerez entièrement votre personnalité
qu’en faisant une part à des mobiles altruistes.

Les succès les plus durables, les progrès définitifs sont ceux qui
réalisent dans l’individu comme dans la société, un équilibre entre
l’intelligence et la moralité.

Avez-vous lu \textquotedbl{}La Guerre des Mondes \textquotedbl{}de
Wells ?

Dans ce livre, les Martiens, qui envahissent notre planète, sont représentés
comme un peuple extraordinairement intelligent.

Leurs engins de guerre sont si puissants qu’un seul individu peut
tenir en échec toute une escadre.

Mais ces Martiens n’ont aucune conception morale ; ils ont tout sacrifié
à leur développement intellectuel et les plus nobles sentiments de
l’humanité leur sont totalement étrangers.

Doués d’une intelligence extrême, mais dénués de toute sensibilité,
ils sont impitoyables dans la guerre : ce sont à la fois des surhommes
et des sur-démons.

Ces Martiens n’existent que dans l’imagination de Wells, mais la description
de cette intelligence extraordinairement développée et sans scrupules
mérite d’être connue.

Elle nous aide à mettre les choses au point et fait ressortir la nécessité
d’un parfait équilibre entre les capacités intellectuelles et les
principes moraux.

L’homme qui se développe intellectuellement, mais n’a aucun souci
de culture morale, est un être incomplet, un appauvri, puisqu’il ignore
tout un aspect de la vie humaine.

Il est indéniable que des hommes habiles et de moralité douteuse parviennent
à s’enrichir plus rapidement que des hommes probes et d’intelligence
vive.

Nombre de malhonnêteté n’ont été ni prévues ni punies par la loi,
et les coquins mettent à profit cette omission.

Les occasions de s’enrichir malhonnêtement ne manquent pas, mais l’immense
majorité des hommes refuse d’en profiter et préfère à une rapide fortune
un honneur intact.

Si tant d’hommes refusent d’employer leurs capacités, leur expérience,
leur culture à rechercher un enrichissement illicite, c’est que, chez
eux, l’intelligence et la moralité sont parfaitement équilibrées.

La nécessité de cet équilibre est, d’ailleurs, prouvée par les drames
qui, si souvent, éclatent dans le monde des affaires.

Les héros de ces tragédies sont la plupart du temps des hommes dévorés
par l’ambition d’acquérir vite une grande fortune ou une réputation
mondiale. Ils perdent la notion de l’honneur, se dépouillent de tout
scrupule, et roulent dans l’abîme.

Pour que le succès soit permanent, il doit y avoir équilibre de l’intelligence
et du caractère.

Quelles que soient les capacités d’un individu, ce qui le conduit
le plus sûrement à un succès durable, c’est sa conscience professionnelle
et sa réputation de moralité.

Le commerçant qui essaye de tromper pour réaliser des bénéfices scandaleux
voit sa clientèle enlevée par un concurrent honnête.

Le subordonné intelligent qui n’épargne pas ses efforts peut être
méconnu quelque temps, mais sa valeur, son labeur consciencieux obligent
bientôt ses supérieurs à se l’attacher définitivement.

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Qu’il s’agisse d’un chef d’entreprise, d’un gérant, d’un comptable,
d’un contremaître, d’un ouvrier, d’un professeur, d’un avocat ou d’un
médecin, on choisit l’homme en qui l’on a confiance, et cette confiance,
seules des garanties morales peuvent la donner.

Le Mécanisme de l’Esprit et la Puissance Mentale.

Vous comprenez maintenant que votre esprit fera preuve d’efficience,
si vous ne demeurez pas indifférent aux circonstances extérieures
ou aux impressions, si vous cherchez à comprendre et si par conséquent
vous agissez à bon escient.

Voilà pourquoi nous vous avons présenté le sentiment, l’intelligence
et la volonté comme les trois facteurs de la puissance mentale.

Lorsque vous voulez mesurer votre propre puissance mentale ou celle
d’autrui, il vous faut donc tout d’abord évaluer l’intensité et la
qualité de ce sentiment ou de cette émotion qui se manifestent par
la poursuite d’un but, par une vocation, par une ambition.

Il se peut que cette poussée intérieure vous porte à accroître le
chiffre de vos affaires, à peindre des tableaux, à soulager la misère
des opprimés, ou à faire de la politique ; peut-être avez-vous tout
simplement le désir de bien accomplir, ou d’accomplir mieux encore,
la tâche que vous avez entreprise.

Le point à noter, c’est que la puissance mentale est premièrement
émotionnelle.

On peut dire que toutes les autres facultés celles que nous nommons
purement intellectuelles forment le mécanisme de l’esprit, tandis
que la poussée intérieure est la ‘vapeur’, la force qui le met en
mouvement.

Nous nous résumerons d’une manière très concrète en disant que la
puissance mentale est constituée par trois facteurs :

a) la force motrice ;

b) une bonne machine ;

c) un travail énergique et soutenu.

C’est à vous de faire que votre travail soit utile et qu’il n’y ait
pas de déperdition d’énergie. Pour cela, il faut que votre machine
soit en excellentes conditions. Entretenez-la avec soin, physiquement
et mentalement.

\chapter{V. COMMENT ACCROITRE L’EFFICIENCE MENTALE}

Nous pouvons maintenant accorder toute sa valeur à la définition de
l’efficience mentale, exprimée par cette formule :

La force et la souplesse de l’esprit requièrent le développement harmonieux
de ses diverses facultés.

Le programme du Pelmanisme sera donc : le sentiment pour base, l’intelligence
pour moyen, l’action pour but.

\section{1. Ayez un Intérêt.}

L’efficience mentale étant avant tout affective, il vous faut ce ‘premier
moteur’ : un

intérêt, le désir de réaliser une ambition.

Peu importe, au moins pour l’instant, ce que vous désirez : qu’il s’agisse
de briguer des honneurs, de gagner de l’argent, de cultiver un art,
d’aider votre prochain, de pratiquer un sport, ou tout simplement
de bien accomplir votre tâche quotidienne, l’essentiel est que vous
vous sentiez une ‘poussée intérieure’ vers quelque but.

Pour savoir si vous possédez cette condition première de tout progrès,
interrogez­

VOUS.

Avez-vous, par exemple, dès l’enfance, été attiré vers quelque forme
de pensée ou d’action ?

Votre profession répond-elle à une vocation ?

Que désirez-vous être ou faire plus que tout autre chose au monde ?

C’est à cela, sans aucun doute, que vous réussirez le mieux.

Et si ce que vous faites par nécessité ne vous intéresse pas, soyez
sûr que vous n’y réussirez que lorsque vous aurez appris à vous y
intéresser.

Ce sujet important fera l’objet de notre deuxième Leçon.

\section{2. Exercez votre Intelligence.}

Mais la vie serait trop facile s’il suffisait de désirer.

Il faut connaître les choses, les hommes, nous-mêmes, les lois de
la nature et de l’action. Pour cela, il convient d’acquérir l’expérience
et la réflexion.

Ne croyez pas que, sans apprentissage spécial, vous saurez tirer de
votre mémoire, de vos sens, de votre jugement le meilleur rendement
dont ils sont capables, ce rendement dont vous avez tant besoin pour
atteindre vite votre but.

Vous ne manierez aisément vos souvenirs, vos idées, vous ne ferez
de votre imagination un instrument docile, vous ne saurez poser et
résoudre les problèmes de l’existence, que si vous acquérez l’habitude
de penser qui implique l’aptitude à ces multiples opérations.

Pour accroître et assouplir vos facultés, nous vous révélerons, progressive
et graduée,

une gymnastique mentale.

Donnez-vous une Volonté Disciplinée.

Il advient fréquemment que des hommes intelligents soient cependant
des ‘ratés’.

Ils ont à leur disposition une excellente machine : leur esprit ; mais
ils n’ont ni la force, ni la persévérance, ni l’amour du travail.

D’autres sont moins bien doués, mais ils ont, si l’on peut dire, leur
‘plein d’essence’, et ont la ferme volonté d’arriver : aussi laissent-ils
loin derrière eux leurs camarades plus favorisés par la nature.

Pour atteindre vos fins, il ne suffit pas de pouvoir, il faut vouloir,
et vouloir avec persévérance.

Serez-vous patient, tenace dans la réalisation ?

Êtes-vous de ceux qui, môme après avoir pris parti, hésitent encore ?

Peut-être que, par habitude, vous appréhendez de vous décider ? Peu
importe.

Si vous voulez bien faire quelque petit effort chaque jour, nous vous
apprendrons à résoudre vos problèmes avec rapidité et sûreté, à sérier
vos difficultés, à obtenir de votre peine le maximum.

Dans les Leçons suivantes, nous assurerons le développement synthétique
de votre esprit, conformément à l’idéal Pelmaniste.

– – r r -­

\chapter{VI. COMMENT RENDRE VOTRE MÉMOIRE EFFICIENTE}

Les Phases de la Mémoire.

La culture de la mémoire va vous montrer, par un exemple concret,
que chaque opération mentale suppose tout l’esprit et ne saurait être
éduquée isolément.

La faculté de la mémoire comporte trois phases principales : l’impression,
la conservation et la reproduction : Si l’un de ces trois facteurs
est altéré, il en résulte pour notre mémoire un défaut correspondant.

Accordez-nous, sur ce sujet délicat et de capitale importance, toute
votre attention.

\section{1. Les Impressions.}

II y a deux sortes d’impressions celles que l’esprit reçoit du dehors
et celles qui naissent dans l’esprit même, par la réflexion ou l’imagination.
De l’intensité des premières impressions dépend la persistance et
la précision du souvenir.

Les impressions extérieures arrivent au cerveau par l’intermédiaire
des sens. Elles sont parfois transmises simultanément par un, deux
ou plusieurs sens.

C’est ce qui se passe, par exemple, lorsque quelqu’un nous adresse
la parole : notre cerveau est impressionné à la fois par l’aspect
de notre interlocuteur et par le son de sa voix.

En général, les individus sont particulièrement sensibles à une certaine
catégorie d’impressions ; les uns sont doués d’une sensibilité visuelle
extrêmement aiguë, et chez d’autres le sens de l’ouïe prédomine.

Pour recevoir des impressions fortes et d’autant moins effaçables

1 O Concentrez toute votre attention sur l’objet que vous observez ;

2 O Examinez-le avec curiosité et sous tous ses aspects ;

3 0 Efforcez-vous d’établir un lien entre les diverses impressions
qu’un objet donne à vos différents sens.

Appliquez-vous à obtenir des impressions nettes, exactes, spéciales
pour chaque objet ;

4 0 Faites de nombreux exercices d’observation.

Voici une épreuve facile : prenez une feuille de papier et essayez
d’y dessiner les chiffres romains qui figurent sur le cadran de la
plupart des horloges. Comparez ensuite le chiffre ‘quatre’ tracé par
vous avec celui qui est marqué sur le cadran. Une surprise vous attend.

Autre épreuve : essayez de vous rappeler de quel côté sont les boutons
d’un veston d’homme et ceux d’une jaquette de femme. Vous courez grand
risque de vous tromper, et cependant ce sont là des détails que vous
avez sans cesse sous les yeux, mais que vous n’avez pas vus.

Pour faire l’éducation de votre oreille, tâchez de reconnaître de
loin les pas de vos amis : notez-en la rapidité, la régularité, la
lourdeur.

\section{2. La Conservation.}

La conservation est la deuxième phase de la mémoire. Elle est d’ordre
physiologique ou subconscient, et échappe au contrôle de l’étudiant.

Toutes les fois que nous avons reçu une impression intense, la survivance
du souvenir est presque assurée.

Il va de soi que si rien n’est imprimé en nous, rien ne peut être
retenu.

Lorsque les gens disent qu’ils ont ‘oublié’, ils ont généralement
tendance à croire que leur faculté de conservation s’est affaiblie.

C’est une erreur : le mal vient de la première phase, c’est-à-dire
de la façon superficielle et confuse dont ils ont fixé les impressions.

On peut acquérir de cette manière une meilleure conservation des souvenirs.

Vous oublierez d’autant moins que vous aurez davantage relié l’impression
qu’il s’agit de conserver à d’autres connaissances par vous possédées,
car vous aurez en celles-ci autant de ‘stimulants’ capables d’éveiller
le souvenir.

En outre, si à plusieurs reprises vous ramenez devant votre esprit
cette impression, avant de vous en détourner pour longtemps, vous
aurez plus de chances de la garder à votre disposition.

\section{3. La Reproduction.}

On nomme reproduction ou évocation du souvenir la reviviscence d’une
impression reçue et conservée par le cerveau.

Bien des gens croient que ce phénomène constitue à lui seul toute
la mémoire, alors qu’il n’en est, en réalité, que la troisième et
dernière phase.

La facilité de reproduction dépend avant tout de l’intensité de la
première impression.

Elle dépend ensuite de notre aptitude à tirer parti des lois d’associations
des idées que nous exposerons plus tard.

On peut se remémorer soit ce qui était lié à une idée à laquelle on
pense, soit ce qui ressemble à cette idée.

La reproduction peut être provoquée de diverses manières. Elle l’est
parfois par le retour des conditions qui ont ‘produit l’impression
primitive.

C’est ainsi qu’une idée ‘oubliée’ vous reviendra probablement à l’esprit
si vous retournez à l’endroit exact où vous l’avez conçue.

Parfois, un seul détail rappelle tout un groupe d’idées : le nom d’un
auteur évoque instantanément les événements qu’il a racontés dans
ses livres. Il arrive aussi qu’une idée se réveille lorsque son contraire,
ou son analogue, se présente à l’esprit.

L’évocation des souvenirs est un cas manifeste de psycho synthèse.

Pour vous remémorer un événement passé, rien de mieux que de vous
replacer dans l’état de sentiment où vous étiez quand l’impression
vous est venue.

En outre, votre volonté vous sera d’un grand secours en maintenant
avec obstination votre esprit dans une certaine orientation jusqu’à
ce que le souvenir cherché se représente.

À vous d’utiliser ceux de ces moyens qui vous réussissent le mieux.

Rappelez-vous surtout que vous aurez une mémoire d’autant plus sûre
que vous assouplirez mieux tout l’ensemble de votre esprit.

r r r r r- ‘- – r- r r

\chapter{CONCLUSIONS}

À quoi Sert la Première Leçon.

1. En votre qualité de nouvel Étudiant, vous serez amené à vous demander
ce que vous pensez de cette première Leçon. Cette question est non
seulement naturelle, mais opportune. Nous désirons, en effet, cultiver
l’esprit critique.

Cette première Leçon est, en quelque sorte, l’esquisse du Cours, une
introduction à la science et à l’art de l’éducation mentale tels que
les comprend et les applique l’Institut Pelman.

C’est de ce point de vue qu’il faut la juger :

Une méthode rationnelle doit aller du simple au composé.

Vouloir se faire par la lecture d’un seul livret une opinion définitive
sur la valeur du Cours entier serait à peu près aussi illogique que
de prétendre juger du talent d’un pianiste après l’avoir entendu jouer
quelques mesures.

Le perfectionnement de votre mémoire, de votre attention, de votre
volonté sera traité à fond en temps voulu.

Ne perdez pas de vue que le Cours comporte douze Leçons et que chacune
d’elles contribue pour sa part au développement de votre esprit.

Il se peut que vous ne voyiez pas tout de suite en quoi les exercices
que nous allons vous indiquer peuvent vous être utiles. Mais nous,
nous le voyons, et vous en aurez plus tard la preuve.

Donc, travaillez-y sans hâte, mais un peu chaque jour : ainsi se révélera
peu à peu à vous votre Moi inconnu.

Votre ‘Moi’ Inconnu.

2. Le PELMANISME suit la voie de tous les systèmes modernes d’éducation.

Reconnaissant que tout nivellement, toute uniformité sont aussi funestes
à l’individu qu’à la race, il se préoccupe de développer les capacités
personnelles de chaque membre de la communauté.

Vous ne réussirez pleinement qu’en devenant VOUS-MÊME, en vous ‘réalisant’.

On peut affirmer sans crainte qu’il n’y a pas eu depuis le commencement
du monde deux femmes ou deux hommes absolument identiques. Vous êtes
‘unique’ et c’est de là surtout que vient votre valeur sociale.

Dans le monde des affaires, dans le monde de la science et de l’art,
dans le monde de la pensée et du plaisir, de tous côtés, chaque jour,
ce qu’on réclame à grands cris, c’est de l’originalité.

Si seulement vous vouliez comprendre que cet appel du monde est pour
VOUS !

Il y a en vous un certain pouvoir, une certaine combinaison de qualités
que vous êtes seul à posséder ; et le monde entier désire en profiter.

Comme vous seul pouvez répondre à cette demande, le monde vous paiera
et vous paiera généreusement.

Mais il n’aura que faire de vous et ne vous récompensera pas si vous
laissez dormir votre originalité

La terre est loin d’être surpeuplée et ne le sera pas de sitôt. Mais
elle porte, hélas, bien des endormis pour qui elle n’a que peu de
place.

Allons, réveillez-vous ! Équipez-vous avec notre aide et partez à la
recherche de cette position qui déjà vous attend.

Avancez, avec le calme et l’assurance que donne la certitude du succès.

-rrrrrrrnrrr –

PAS DE DÉFAILLANCES

1. Ne croyez pas que Les difficultés rencontrées soient insurmontables.
Ayez confiance.

2. N’incriminez pas votre mémoire ; c’est le vrai moyen de la rendre
pire.

3. Ne dites pas aujourd’hui : ‘Je ne puis concentrer mon attention.’
Si vous le dites, il vous sera plus difficile encore de la concentrer
demain.

4. N’admettez pas que vous puissiez être trop vieux. L’âge mental
‘est affaire d’éducation’.

5. Ne vous attendez pas à développer votre intelligence en une seule
Leçon. Il y en a douze et vous avez du travail devant vous.

6. N’omettez rien. Pénétrez-vous bien du sens de chaque phrase et
soyez convaincu que nous vous enseignons aussi brièvement que possible
la science de développer votre efficience mentale

\_

À L’OUVRE

1. Travaillez patiemment. Le Pelmanisme n’a rien de magique, mais,
si vous le pratiquez sans défaillance, vous obtiendrez des résultats
si surprenants qu’ils vous sembleront tenir du merveilleux.

2. Commencez dès maintenant à exercer votre volonté. Prenez la résolution
de bien

savoir cette Leçon et d’en vaincre toutes les difficultés. Au besoin,
demandez-nous conseil.

3. La Psycho-Synthèse est l’éducation de tout l’esprit ; suivez donc
sans tarder les instructions que nous vous donnons dans cette Leçon
et dans les suivantes.

4. Il se peut que vous ne saisissiez pas immédiatement en quoi chaque
leçon concerne la Synthèse psychique, mais vous vous en rendrez compte
plus tard. Étudiez à fond la première Leçon et cherchez à découvrir
les facultés intellectuelles ou morales que vous avez jusqu’alors
négligées.

5. Dites-vous bien que le système Pelman s’adresse à VOUS, qu’il a
pour but de Vous discipliner, de Vous éclairer, de Vous aider.

6. ‘J’ai un avenir plein de promesses’. Méditez cette phrase. Elle
est vraie pour la plupart des gens, et nous désirons que vous le sachiez.

– r ç

\chapter{EXERCICES}

Ces exercices sont donnés à titre d’exemples. Chaque Étudiant doit
en imaginer de semblables appropriés à ses besoins personnels et à
ceux de sa profession.

Exercice I.

On se rappellera que dans les pages précédentes, nous avons enseigné
que l’intensité des impressions est la source de toute vraie connaissance
et d’une mémoire sûre.

Il s’ensuit que le premier pas scientifique de l’éducation mentale
est de cultiver les

sens qui nous fournissent la plupart de nos informations, c’est-à-dire
la vue et l’ouïe.

Prenez une feuille de papier et faites une liste des noms de cinq
de vos amis des deux sexes.

En face de chaque nom, inscrivez la couleur des yeux, la nuance du
teint, le genre de coiffure, et, lorsqu’il s’agit d’un homme, l’absence
ou la présence de la barbe ou de la moustache.

Notez également, en détail, les vêtements que chaque personne portait
la dernière fois que vous l’avez vue.

Quelques élèves font aisément un exercice de ce genre ; c’est qu’ils
possèdent le don de l’observation.

D’autres le trouvent assez difficile ; c’est qu’ils ont besoin d’apprendre
à voir.

Cet exercice a pour but de découvrir jusqu’à quel point vous observez
les gens et les choses, rien de plus.

Il suffit de le répéter de temps en temps pendant la durée du Cours,
de manière à vous rendre compte du développement de votre faculté
d’observation ; mais chaque jour vous devez observer quelques personnes.

Exercice II.

Cherchez un endroit, dans la maison ou dehors, où il vous soit possible
d’exercer vos sens ; notez alors tout ce que vous voyez, entendez et
éprouvez.

Écrivez, par exemple, quelque chose dans ce genre : ‘J’ai entendu le
sifflet d’un train, la sirène d’une auto au loin. J’ai vu une hirondelle
raser ma fenêtre.

J’ai perçu un son étrange, plusieurs fois, mais je n’ai pu deviner
ce que c’était. J’ai senti une odeur de cuisine, et je me suis demandé
quels étaient les plats qu’on préparait.

J’ai compté les différents tons de vert du feuillage. Il y en avait
cinq.’

Exercice III.

Prenez un jeu de dominos ; tournez les dés sens dessus dessous et mêlez-les ;
ensuite, ramassez-en un.

Comptez-en le nombre de points et rappelez-vous-le. Supposez que ce
soit le 5-4, égalant 9.

Tournez-le de nouveau sens dessus dessous ; mettez-le de côté, puis,
reprenez-le en même temps qu’un autre.

Retournez-les tous les deux à la fois du côté marqué, et voyez combien
de temps il vous faut pour indiquer le total de leurs points, d’un
coup d’oeil, sans vraiment le calculer.

Pour quelques personnes, cet exercice est, au début, assez difficile ;
elles sont obligées de compter. Cependant, après des essais plus ou
moins nombreux, elles arrivent à additionner presque automatiquement
et instantanément.

Pour varier, placez quatre cartes à l’envers, les unes à côté des
autres.

Retournez la première, regardez-la, puis replacez-la dans sa position
primitive.

Répétez le môme exercice avec les trois autres cartes ; cinq minutes
après, essayez de vous rappeler les quatre cartes dans leur ordre
de succession.

Lorsque vous pourrez le faire aisément, employez cinq cartes, puis
six, etc., ayez soin d’en accroître graduellement le nombre. (II est
possible de se rappeler un très grand nombre de cartes si l’on continue
à répéter mentalement les cartes dont on s’est servi, en partant toujours
de la première ; mais ce n’est point là le but de notre exercice).

Après quelques semaines de cette éducation de l’oeil, vous pourrez
vous amuser, vous et vos amis, en demandant à ces derniers de placer
une douzaine d’objets sur une table : boîtes d’allumettes, cuillers,
presse-papier, canif, lorgnon, etc. ; chaque objet devra être légèrement
séparé des autres.

On les recouvrira d’une serviette ou d’un plateau pendant que vous
serez hors de la salle. Quand vous rentrerez, on soulèvera le couvercle
improvisé qu’on replacera aussitôt sur les objets. Quelle que soit
la rapidité de l’action, il vous faudra nommer le plus grand nombre
possible des objets que vous aurez entrevus.

Faites un ou deux de ces exercices, de temps en temps, jusqu’à ce
que vous ayez acquis de la vitesse et de la précision, mais n’en continuez
pas moins à étudier les autres parties du Cours.

Ne perdez pas de temps.

Exercice IV.

Il est intéressant et utile de savoir à quelle distance vous pouvez
entendre le tic tac d’une montre.

La surdité est une question de degré et souvent d’inattention.

De petits défauts de l’ouïe, auxquels on pourrait facilement remédier,
empirent faute de soins.

Nous conseillons à nos Étudiants de faire examiner leurs yeux et leurs
oreilles par de bons spécialistes.

L’acuité de l’ouïe peut être cultivée. Il faut tâcher d’augmenter
progressivement la distance entre vous et une montre, de façon à mesurer
exactement vos progrès.

Si, par exemple, vous pouvez entendre le tic tac à 1 m. 50 de distance,
reculez-vous de 30 centimètres et ainsi de suite jusqu’à ce que vous
n’en entendiez plus le son. Servez-vous toujours de la môme montre
et placez-la au môme endroit.

Ces exercices de perception n’ont pas pour objet de décourager l’Étudiant
en lui montrant ses défauts : ils n’ont qu’un but, c’est de faire
acquérir aux sens toute la précision, toute la finesse dont ils sont
susceptibles, car des perceptions nettes et distinctes sont à la base
du développement de l’esprit.

Plus d’un homme, à l’intelligence éveillée, ignore le nombre de boutons
de son gilet, mais celui qui le sait, pour l’avoir remarqué inconsciemment,
a l’esprit d’observation encore plus vif et possède de plus grandes
qualités pratiques.

Exercice V.

Toutes les fois qu’il y a un rapport entre deux idées, ou entre les
mots exprimant deux idées, ce rapport est basé sur certaines lois
dites d’association.

Une Leçon ultérieure vous montrera qu’on peut en tirer une méthode
mnémotechnique. Leur connaissance vous permettra d’écrire 1.000 mots
ou davantage et, après les avoir lus une fois, de les répéter du commencement
à la fin, ou de la fin au commencement.

Pour le moment, nous nous bornerons à prouver, par un exemple, l’existence
de ces associations.

Voici une liste de huit mots. En guise d’exercice, lisez-les une fois
en prenant note des rapports qu’ils ont entre eux.

Répétez-les alors, du moins répétez-en autant que vous le pourrez.

1. Blanc 2. Noir 3. Nègre 4. Afrique 5. Algérie 6. Lion 7. Tartarin
8. Daudet

Voici une seconde liste de 18 mots cette fois. Essayez de vous les
rappeler de façon à pouvoir les répéter après une seule lecture.

Remarquez l’enchaînement des mots entre eux ; faites-le sérieusement ;
récitez alors la

liste

1. Rose

10. Bouteille

2. Fleur

11 .Verre

3.

Exposition

12. Lentille

4. Prime

13. Photographie

5. Argent

14. Portrait

6. Facture

15. Artiste

7. Papier

16. Sculpteur

8. Plume

17. Marbre

9. Encre

18. Palais

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EXERCICES SPÉCIAUX

POUR L’ÉDUCATION DE L’ESPRIT ET L’ENTRETIEN DE LA SANTÉ.

Avec le cours Pelman, les Directeurs présentent un système complet
d’Exercices Physiques. Ces Exercices, qui correspondent aux besoins
de l’esprit et du Corps, conviendront à la plupart des Étudiants.
Ils ne sont pas obligatoires, mais nous les recommandons fortement.
C’est à dessein que nous ne donnons aucun schéma nous voulons forcer
l’Etudiant à faire attention. (Les Étudiants qui suivent déjà une
bonne méthode de culture physique peuvent continuer à la pratiquer.
Les malades et les faibles devront consulter un médecin afin de savoir
s’il est des mouvements de culture physique qui leur seraient nuisibles.)

PREMIERE LEÇON

Des exercices physiques bien appropriés sont très importants pour
diverses raisons.

En voici quelques-unes :

1. La régularité des habitudes : le psychologue William James affirmait
qu’il est bon d’accomplir un acte régulièrement, surtout si cet acte
n’est pas très agréable, afin d’éprouver l’empire qu’on a sur soi-môme.

L’accomplissement régulier, la répétition de certains mouvements physiques
réagit sur la volonté et la fortifie, de sorte qu’on trouve de plus
en plus facile de diriger son attention et son énergie vers un point
donné.

Lorsqu’il s’agit d’exercices appropriés, cette pratique régulière
est d’autant plus utile que à l’encontre de tant de corvées qui nous
incombent elle nous procure la santé et l’adresse.

2. Des exercices appropriés tendent aussi à augmenter le respect de
soi. L’éducation de la main gauche en est un bon exemple.

Chez la plupart des gens, cette main est très maladroite, et, s’ils
se respectaient vraiment, ils s’efforceraient de la rendre plus habile.

De plus, l’éducation de la main gauche influence une partie de l’hémisphère
droit du cerveau.

Que les gens éduquent donc leur main gauche non pour qu’elle soit
l’égale de leur dextre, mais pour qu’elle s’en rapproche et ils tireront
mieux parti de leur corps en général.

3. Des exercices appropriés, faits consciencieusement, assurent également
une bonne santé. On s’étendra sur ce point dans d’autres Leçons.

4. Comme vous allez le voir, l’imagination et la mémoire peuvent être
cultivées par certaines méthodes et par certains exercices.

La plupart de nos leçons seront divisées en deux parties, les exercices
exécutés au lit et ceux qui s’exécutent hors du lit. Leurs bons effets
sont indiscutables.

En faisant de la gymnastique au lit, un certain M. Benett parvint
à se rajeunir à l’âge de 70 ans.

Nous ne recommandons pas absolument son système à tout le monde. Les
personnes ayant dépassé la cinquantaine doivent souvent s’abstenir
d’exercices au lit.

L’afflux du sang dans le cerveau est déjà facilité par la position
horizontale ; l’augmenter par l’effort physique serait exposer à une
tension inutile les vaisseaux capillaires du cerveau, qui n’ont plus
leur élasticité du jeune âge ; mieux vaut consulter un médecin.

Mais l’idée de faire des exercices avant de se lever est excellente.

I. Au Lit.

Étant couché bien à plat sur le dos, les couvertures rejetées, allongez
le plus possible la jambe et le pied droits, les doigts du pied en
extension, le genou effacé.

Maintenez un moment la jambe et le pied dans cette position, puis
étirez-les un peu plus encore, môme si cela commence à vous faire
mal. N’exagérez pas.

Alors, tout en gardant la jambe raidie et le genou effacé, portez
le talon le plus possible en avant, et restez ainsi un moment ; ensuite
nouvelle extension des doigts, puis du talon. Enfin, relâchez la jambe
et le pied. Repos.

Recommencez avec l’autre jambe et l’autre pied. Pour terminer, mêmes
mouvements, cette fois simultanés, des deux jambes et des deux pieds.

Cet exercice offre plusieurs avantages : l’un d’eux, c’est qu’il vous
empêche d’avoir froid aux pieds. Il peut aussi guérir certains maux
de tête en empêchant la pression du sang sur le cerveau. Il améliore
la circulation en général.

Exercice de Respiration.

Vous ôtes encore étendu sur votre lit. Placez vos deux mains sur votre
abdomen, l’une plus haut que l’autre.

Fermez la bouche, et pendant que vous aspirez l’air par le nez, gonflez
l’abdomen.

Maintenez-le tendu à la fin de l’aspiration : au début, une seconde
ou deux suffiront.

Ensuite, expirez l’air avec lenteur, videz à fond vos poumons, tout
en creusant l’abdomen ; quand le retrait de l’abdomen est au point
le plus bas, opérez une pression, de haut en bas, avec les mains.

C’est là une des formes de la respiration diaphragmatique ; c’est celle
qu’on enseigne généralement dans les écoles comme premier exercice
de respiration. Elle a d’heureux effets sur les nerfs et sur notre
force de résistance.

Exécutez cet exercice une ou deux fois, mais évitez de vous fatiguer.
S’il vous étourdit, si peu que ce soit, ne le répétez pas tout de
suite.

II. — – Hors du Lit.

Maintenant, levez-vous et commencez un exercice pour l’hygiène de
l’épiderme. Il n’est pas nécessaire d’y apporter la minutie que préconisent
certains professeurs.

Vous pouvez, si vous le préférez, garder quelques vêtements.

Frictionnez-vous la peau, partout, avec la paume des mains, une éponge,
une brosse, ou un gant de crin, et tantôt d’une manière, tantôt de
l’autre.

Cet exercice régularise la circulation du sang et débarrasse la peau
de toute particule morte ou nuisible.

Vous pourrez vous frictionner de cette manière avant, après, ou, jusqu’à
un certain point, pendant que vous prendrez votre bain.

Quand vous aurez fini, fermez les yeux quelques minutes ; et, tout
en restant immobile, les mains et les bras le long du corps, essayez
de vous rappeler les mouvements exécutés et les sensations éprouvées,
c’est-à-dire recommencez l’exercice en imagination.

Il est généralement admis que le meilleur moyen de se souvenir d’une
chose, c’est de se la remémorer immédiatement après qu’elle a eu lieu
et avant qu’elle se soit effacée de l’esprit.

Pour le premier jour, ne consacrez pas trop de temps, ni trop d’énergie
à cette hygiène de l’épiderme. Il se peut qu’une minute suffise.

Couvrez, si vous voulez, une partie de votre corps pendant que vous
frictionnez l’autre.

Il n’est pas nécessaire de toujours frotter la peau, vous pouvez parfois
la tamponner.

Dans la deuxième Leçon, on vous enseignera quelques mouvements d’extension
des bras et des jambes, un second exercice de respiration, et un saut
sans effort.

SOMMAIRE

LEÇON !

1. Un esprit bien développé et capable est le seul « avoir » universel
dans le monde.

2. Toute oeuvre de valeur a sa source première dans l’esprit.

3. La puissance mentale est le fondement de toute autre puissance.

4. Dans l’éducation mentale, le succès dépend en grande partie de
la Confiance en soi et du Travail du travail dans le sens d’effort.

5. Il dépend ensuite d’un judicieux emploi des heures de loisir.

6. Il ne faut pas craindre la fâcheuse influence de l’hérédité. Elle
compte, mais il vaut mieux l’oublier, et tâcher de s’améliorer. Oubliez
également les défauts des méthodes scolaires, les maladies passées,
etc. Allez de l’avant !

7. En général, l’esprit est susceptible d’un développement continu,
bien qu’il le soit moins dans l’âge mûr que pendant la jeunesse. «À
tout âge on peut, non seulement apprendre, mais se rendre capable
de comprendre plus de choses, élargir, assouplir, fortifier son intelligence.
Le corps, siège de la routine, est l’outil que se fabrique l’esprit
». (E. Boutroux).

8. Le Cours PELMAN est général, parce qu’il expose le mécanisme de
tous les esprits : il est particulier et personnel, parce qu’il s’occupe,
en même temps, de l’esprit de chaque étudiant.

9. La connaissance que nous possédons de l’esprit humain n’est pas
complète, mais nous savons que :

a) L’esprit est une unité.

b) Le sentiment est fondamental.

c) Sans la mémoire, l’intelligence ne saurait exister.

d) La pleine activité des sens est un facteur important du développement
de l’esprit.

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e) Dans la sphère mentale, comme dans la sphère physique, nous récoltons
ce que nous avons semé.

t) Pour qu’on puisse atteindre à un succès permanent, il doit y avoir
équilibre entre le caractère et l’intelligence.

10. Il y a trois éléments dans la puissance mentale : l’énergie suscitée
par l’intérêt, l’intelligence pure et simple, l’action ou volonté.

11. L’impression, la conversation et la reproduction sont les trois
facteurs de la mémoire.

12. En développant toutes les facultés, il ne faut pas perdre de vue
qu’elles constituent un groupe harmonieux d’activités. C’est cette
éducation synthétique que nous appelons la Synthèse Psychique.

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Questionnaire sur la Leçon 1

Pour compléter cette leçon, il est fortement suggéré de répondre aux
questions qui suivent dans un cahier et de le garder pour référence
future. Ne commencez pas une autre leçon avant d’avoir complété celle-ci.

Questions

1- Énoncez brièvement les raisons qui vous ont poussé à suivre ce
cours.

2- Résumez en quelques phrases les idées essentielles de la leçon
1.

3- Dans cette leçon, nous avons indiqué les trios facteurs de l’efficience
mentale :

a) Quels sont-ils ?

b) Sont-ils suffisamment développés chez vous ?

Mentionnez ci-dessous les défauts que vous croyez posséder :

1- au point de vue sentiment « poussée intérieure » ;

2- au point de vue de votre capacité intellectuelle ;

3- au point de vue de la puissance de travail.

4- Énumérez quelques-unes des causes de l’inefficience mentale.

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5- Combien de temps, pendant le jour ou la soirée, pouvez-vous consacrer
à

l’étude du Pelmanisme ?

Lundi Mardi Mercredi

Jeudi Vendredi Samedi

Total d’heures par semaine :

6- Quel est, d’après vous, le défaut de mémoire dont vous souffrez
le plus ?

7- Rapport sur l’exercice I. Employez le tableau tracé ci-dessous.
Indiquez combien de personnes vous avez observées.

Nombre de personnes observées

Couleur des yeux

Cheveux

observations justes fausses

Barbe, etc.

Vêtements

Total

Combien de personnes observez-vous chaque jour ?

8- Exercices II et III. Dites combien de fois par semaine vous avez
exécuté chacun d’eux ? Avec quels résultats ?

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Quelles difficultés avez vous éprouvées ?

9- Rapport à l’exercice V, il vous suffira de compléter les phrases
suivantes

a) J’ai lu une fois la première liste en remarquant le rapport des
mots entre eux : puis je l’ai répétée de mémoire et j’ai fait fautes.

b) J’ai lu la deuxième liste une fois en remarquant les rapports des
mots entre eux : puis je l’ai répétée de mémoire. J’ai fait fautes.

Observations de l’Étudiant

Suite : Leçon 02
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