Les choses ont-elles un sens ? Pierre Jacob

Votre vie subconsciente

10 Comment organiser la vie mentale
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À L’ÉTUDIANT :

Les pages suivantes vous seront d’une grande utilité intellectuelle et pratique.

Imaginez un homme à qui l’on révélerait tout à coup qu’il est le légitime possesseur d’immenses trésors. Le moment d’étonnement passé, il chercherait le moyen d’en tirer parti.

Nous allons vous donner ce trésor en vous donnant la possibilité de vous connaître tout entier ; du même coup, nous vous montrerons comment accroître considérablement votre efficience.

Votre conscience n’éclaire qu’une infime partie de votre personnalité. Vous êtes donc, sinon tout autrement que vous ne croyez, du moins infiniment plus que ce que vous vous imaginez être.

Combien insuffisante serait la rééducation de votre seule conscience !

Combien plus fort vous serez, quand vous aurez assoupli, discipliné votre être tout entier, non pas seulement votre être conscient, mais aussi votre être subconscient, celui-là même dont vous ignoriez peut-être jusqu’à l’existence.

La vie que vous vivez à côté de votre esprit conscient influence vos idées générales, votre attitude envers le monde, vos revenus et votre bonheur.

La leçon qui suit va vous expliquer et vous apprendre à utiliser le mécanisme de cette partie de vous-même qui, si souvent vous fait agir à votre insu.

LEÇON XI

I. Les éléments du subconscient (1)

Qu’est-ce que le subconscient ?

1. Il y a deux parts dans l’activité de votre esprit ; celle dont vous vous rendez compte, qu’on appelle consciente, et celle qui demeure normalement hors de votre perception, de votre contrôle immédiat et direct, qu’on nomme subconsciente. la conscience se limite à la pensée, à la perception, à l’action présente.

Mais le reste — votre passé, vos expériences, vos connaissances, vos habitudes, vos sentiments — tant qu’il est inaperçu, est à côté de la conscience et constitue le subconscient.

1. Si, en dépit de notre effort pour atteindre à la simplicité — dans un domaine complexe par définition — le lecteur éprouve quelque difficulté à comprendre le premier chapitre de cette Leçon, qu’il veuille bien cependant poursuivre son étude ; le deuxième chapitre tout pratique ne lui sera pas ardu. Après l’avoir assimilé, il devra revenir à la première partie qui, cette fois, sera bien comprise.

Il faut toutefois se garder de commencer par la seconde partie.

Les mêmes faits peuvent, selon les circonstances, rester dans le subconscient ou apparaître dans la conscience.

Vous connaissez la date de l’armistice, mais elle ne revient dans votre conscience que si une occasion extérieure la fait surgir.

Vous aimez votre mère : ce sentiment est en vous continuellement, mais il ne se manifeste à vous et ne s’exprime que lors de certains événements.

Vous voulez aller à un rendez-vous d’affaires fixé le matin par téléphone pour 5 heures du soir : votre volonté ne se présente à vous consciemment et ne se traduit en acte qu’à l’approche de l’heure fixée.

Où donc étaient cette idée ce sentiment, cette volition ? ils étaient en réserve dans votre subconscient et ne se sont imposés à votre attention qu’au moment déterminé par les circonstances extérieures ou par votre volonté.

Il y a ainsi en vous tout un monde caché, d’une richesse et d’une variété inestimables, qui obéit à des lois particulières et qui constitue la majeure partie de votre vie mentale.

C’est souvent à votre insu qu’il influence vos tendances, vos pensées, vos actions et détermine dans bien des cas vos échecs ou vos succès.

On voit combien il importe d’explorer le subconscient, d’en évaluer le contenu et d’en contrôler, dans la mesure du possible, le jeu, d’autant plus riche qu’on est plus sensible et plus cultivé.

La psychologie classique cartésienne, comme tout notre classicisme, s’est montrée peu favorable à l’idée d’un subconscient psychologique. La tradition rationaliste eût volontiers abandonné le subconscient aux mystiques, et tenu pour purement physiologiques les faits de pensée subconsciente.

Mais tour à tour leibnitz, les romantiques, hartmann, charcot, pierre janet, freud ont signalé le rôle immense joué dans l’esprit par une activité, psychique qui échappe plus ou moins à la conscience.

Voyez ce qu’est devenue notre civilisation européenne depuis la découverte de l’Amérique.

Eh bien ! vous ne pouvez vous faire qu’une faible idée des transformations qui ont bouleversé la psychologie et la pédagogie depuis qu’on a systématiquement exploré et exploité ce Nouveau Monde : le Monde Intérieur.

Réaction du conscient et du subconscient.

2. Tantôt le conscient s’enrichit directement au contact du monde extérieur

(impressions, sensations, etc.), tantôt il puise les éléments dont il a besoin dans le trésor du subconscient.

Rappelez-vous que parmi les éléments qui constituent le subconscient, un grand nombre n’y sont arrivés qu’en passant d’abord par la conscience.

Si vous cueillez une rose, vous éprouvez des sensations directes de couleur, de forme et d’odeur en outre ressuscitent en vous non seulement toutes sortes d’autres sensations antérieures, mais aussi des idées subconscientes, plus ou moins précises.

Cette rose peut vous faire penser aux parfums de l’orient, à une jeune fille nommé Rose, à Ronsard et à son célèbre sonnet.

Entre le conscient et le subconscient se produit un perpétuel mouvement d’échanges.

Le moindre fait déclenche un certain nombre d’idées et de souvenirs qu’on doit apprendre à évoquer ou à rejeter selon les besoins du moment.

Il arrive en effet que les données subconscientes risquent de vous submerger par leur masse ou de fausser votre jugement en se substituant malgré vous à l’expérience directe.

Lorsque vous faites une observation ou décidez l’exécution d’un acte, ne croyez pas que seules vous dirigent les données conscientes ; vous êtes assailli par toutes sortes d’impressions subconscientes dont vous risquez d’être le jouet.

Pour n’être pas dupe du subconscient, vous devez vous rendre compte dans quelle mesure les évocations subconscientes ont pu déterminer votre réaction aux circonstances.

Comment se manifeste le subconscient.

3. Le subconscient est actif à chaque moment de la vie mentale, mais c’est bien souvent une activité cachée. Nous n’en apercevons que les résultats ; et ceux-ci seulement lorsqu’ils émergent dans notre conscience.

Gardez-vous donc d’identifier conscience et esprit.

Considérez toujours que votre conscience claire n’atteint qu’une fraction extrêmement restreinte de votre vie mentale. Mettre en évidence l’activité cachée du subconscient, voilà le but de ce chapitre.

On y décrira le rôle que joue le subconscient dans la mémoire, l’habitude, le commandement de soi-même, la suggestion, l’intuition, les tendances, la vie affective, le sommeil.

Le subconscient, antichambre de la mémoire.

4. Les connaissances de toute sorte que nous avons accumulées au cours de notre vie ne sont pas toutes également et en même temps présentes dans notre conscience.

Supposons que vous sachiez cent mille faits de détail, par exemple cent mille mots de diverses langues mortes et vivantes : ces mots sont en vous sans que vous en preniez souci ; vous ne les faites apparaître dans votre conscience qu’au moment où vous en avez besoin.

Il en est de même de tous les articles d’un commerce (de quincaillerie par exemple), des prix de toutes vos marchandises, des adresses de vos clients, etc., etc. Toutes ces connaissances sont emmagasinées en vous-même, dans votre subconscient, qui est comme l’antichambre de votre mémoire.

Certains faits ainsi mis en réserve y sont depuis longtemps sans que vous vous en doutiez. Tels sont vos souvenirs d’enfance : ils sommeillent en vous et ne surgissent que par hasard ; car, en règle générale, ils n’ont pas d’intérêt direct pour votre activité actuelle.

Certains souvenirs se présentent à la mémoire sur-le-champ, et pour ainsi dire automatiquement.

Pour d’autres, le temps d’évocation est plus long : si on vous demande à brûle-pourpoint le nom d’un homme avec qui vous avez joué au tennis pendant toutes vos vacances il y a quatre ans, peut-être vous faudra-t-il un certain temps pour faire émerger ce nom des profondeurs de votre subconscient.

À plusieurs reprises vous croirez l’avoir présent à l’esprit : peut-être même ne se présentera-t-il à vous que plusieurs jours après, d’une manière inattendue. Dans ce cas, il s’est produit en vous tout un travail extrêmement complexe.

Notre mémoire est partiellement en dehors de notre contrôle immédiat et travaille en secret.

Mais on peut toujours, en éduquant son esprit, tirer parti de ce mécanisme interne et manœuvrer le subconscient au profit du conscient, soit que l’on veuille mettre en pleine lumière ce qui était dans l’ombre, soit que l’on veuille repousser dans la réserve subconsciente ce dont on n’a pas besoin au moment considéré.

La mémoire se sent aidée par le subconscient.

5. On sait qu’il arrive souvent en cherchant un nom propre de “l’avoir au bout de la langue”. cette impression est une preuve de l’existence du subconscient : “j’ai ce que vous cherchez, nous rassure-t-il ; regardez bien ici et là, vous le trouverez certainement.”

Dans d’autres cas, il s’agit de la résistance du subconscient aux fausses suggestions.

Supposons que vous parliez d’une personne ou d’une ville dont vous avez complètement oublié le nom ; vous sentez parfaitement que même avec le plus grand effort vous n’arriverez jamais à l’évoquer.

Mais, si on vous propose un nom qui n’est pas celui que vous avez oublié, votre subconscient s’oppose à la suggestion et vous répondez : “Non, ce n’est pas ça.”

L’habitude et l’automatisme.

6. Toute action répétée tend à devenir automatique, c’est-à-dire à se produire sans le concours de la conscience et de la volonté.

Les actions et les mouvements automatiques constituent ce qu’on appelle habitude et ils sont à la base de tout apprentissage. Alors même qu’une action nous paraît être consciente, seule une partie infiniment petite est vraiment telle.

Par exemple, on croit marcher d’une manière consciente quand on y fait attention, mais fût-ce au prix du plus grand effort, on n’aura jamais conscience de certains petits mouvements qu’on fait dans différentes jointures et qui étaient conscients jadis, dans l’enfance.

Le cinéma au ralenti nous montre d’ailleurs combien complexe est le moindre mouvement.

Pour nous rendre compte de la place qu’occupent les actions subconscientes dans la vie quotidienne, citons un passage de William James : “Vaquer à sa toilette, ouvrir et fermer un placard, etc., tous ces actes familiers sont pour nous des routines qui échappent à peu près complètement au contrôle de nos centres intellectuels. Qui peut dire au juste quelle chaussette, quel soulier, quelle jambe de pantalon il met les premiers ? Pour répondre à cette question, il faut d’abord récapituler mentalement les actes et souvent même il faut les refaire. Ainsi de ces autres questions : quel est de mes volets celui qui s’ouvre le premier ? Dans quel sens s’ouvre ma porte, etc., etc. ? Je ne le sais pas : mais ma main le sait, qui ne se trompe pas.”

L’importance pratique de l’habitude est considérable. Songeons à ce qui nous arriverait si le subconscient venait à nous manquer : “Si la direction de chaque acte, dit encore william james, exigeait toujours de la part de la conscience la même absorbante application, il est évident que toute l’activité d’une vie pourrait se borner à une ou à deux actions et que tout progrès serait impossible. S’habiller et se déshabiller suffiraient facilement à l’emploi d’une journée entière ; l’attitude du corps absorberait toute l’attention et toute l’énergie ; se laver les mains ou mettre un bouton coûterait ce que cela coûte à un petit enfant lors de son premier essai ; et de tels efforts ne pourraient que nous épuiser complètement. Songez à toute la peine qu’on se donne pour apprendre à un enfant à se tenir sur ses jambes, aux nombreux efforts qu’il doit faire lui-même, et comparez à cela l’aisance avec laquelle il se tient debout plus tard, inconscient d’un effort quelconque”.

Une foule de petits faits de la vie courante attestent d’ailleurs notre automatisme : jean petit vient de se faire un nouvel ami en la personne de pierre mangnin, et celui-ci l’a invité à dîner le soir même à 7 heures.

En arrivant à l’appartement de magnin, petit cherche d’un air distrait sa propre clé dans sa poche et va l’introduire dans la serrure, lorsqu’il se rappelle soudain qu’il n’est pas chez lui.

“quel idiot je fais !” murmure-t-il, tandis qu’il remet la clé dans sa poche et sonne à la porte.

Une partie de son esprit travaillait sans qu’il eût conscience de cette action. Il y avait une porte à ouvrir et, sur le moment, il l’a prise pour sa propre porte.

Vous ne manquerez pas de trouver dans votre expérience personnelle des cas analogues.

Le commandement de soi-même et ses défaillances.

7. Vouloir, c’est donner des ordres à son subconscient ; la conscience est comme un chef qui commande à ses subordonnés ou à son personnel.

Parmi les ordres qu’on se donne à soi-même, il en est qui doivent être exécutés tout de suite, par exemple écrire une lettre urgente ; et d’autres qui sont à exécuter dans un avenir plus ou moins lointain ; enfin dans l’habitude, l’ordre a été donné par la conscience au subconscient une fois pour toutes et l’acte se répète périodiquement.

Une personnalité bien équilibrée est celle dont la conscience donne des ordres précis et dont le subconscient obéit au moment fixé.

Mais chez beaucoup d’individus, ce mécanisme n’est pas bien coordonné. D’où les distractions et les oublis : le subconscient n’a pas exécuté au moment voulu l’ordre donné par la conscience ; on voulait emporter son parapluie, éteindre la lumière en sortant, faire une visite ou une course urgente, mais le subconscient a manqué de déterminer les gestes nécessaires.

Ce manque d’exécution d’un ordre à échéance ne doit pas être confondu avec ce qu’on nomme un oubli de mémoire ; ce dernier est dû à un défaut d’observation, à une insuffisance d’attention, à une difficulté d’évocation.

La suggestion.

8. Tout état de conscience, on l’a vu, est entouré d’une zone d’impressions, d’idées, de sentiments subconscients, qui joue souvent dans la vie mentale un rôle plus important que cet état conscient lui-même.

Ainsi s’expliquent les sympathies et les antipathies irraisonnées, la confiance et la défiance spontanées à l’égard d’autrui. C’est sur cette zone subconsciente qu’agit la suggestion.

Une conviction nette, forte et consciente donne le pouvoir d’influencer le subconscient de ceux qui ne se rendent pas compte des conditions de leurs sentiments et de leurs idées : on dit alors qu’ils sont suggestibles (la suggestibilité est en raison inverse de la précision des idées et de la force du sens critique).

La résistance à la suggestion varie selon les individus et les circonstances. Un développement coordonné de la personnalité, une confiance normale en soi, une maitrise éprouvée de soi l’augmentent.

Par contre, d’autres facteurs la diminuent. On est plus suggestible dans les états de passion, d’émotion vive, de vanité, de présomption, de surmenage, de fatigue générale, bref dans les cas de moindre cohésion de la personnalité.

L’intuition.

9. L’intuition n’est pas un pouvoir surnaturel, un don miraculeux : c’est une subconscient. L’analyse permet toujours de discerner qu’elle a pour point de départ une accumulation subconsciente d’idées et de sentiments. Ils dorment en nous et n’apparaissent dans la conscience sous une forme coordonnée que sous l’influence d’une excitation extérieure ou intérieure (1).

L’intuition joue un rôle considérable dans toutes les professions. Un médecin peut formuler son diagnostic en étudiant certains symptômes et en raisonnant à leur sujet d’une manière consciente.

Mais s’il a beaucoup d’expérience, quelques indications suffisent pour mettre en marche les raisonnements subconscients et déterminer en quelques secondes un diagnostic exact.

Il faut donc que l’intuition se base sur des connaissances à la fois précises et nombreuses. Sinon elle est fausse. Les imaginatifs et les timides sont souvent victimes de la tendance à confondre le possible et le réel, la supposition et la certitude.

(1) On trouvera des anecdotes typiques, bien analysées, qui illustrent ce mécanisme, dans l’ouvrage de J.-M. Mont Masson, Le rôle de l’inconscient dans l’invention scientifique, 1928. les tendances.

10. On appelle tendance une impulsion intérieure qui vous pousse vers l’action ou vers son objet. une tendance peut être le fruit d’une décision volontaire et consciente, ou surgir d’une façon spontanée et inattendue.

La faim, la soif, le besoin de se mouvoir qu’on éprouve à certains moments, la recherche de la société, la vocation artistique, la curiosité scientifique, le désir désintéressé d’aider son prochain ou de contribuer au progrès de l’humanité : voilà quelques tendances caractérisées.

Les tendances couvées à notre insu dans le subconscient nous apparaissent un beau jour déjà toutes formées, souvent pour nous surprendre par leur force mystérieuse.

Nombreux sont les exemples que nous fournit l’histoire d’explosions de cette sorte : des personnes de condition modeste ont senti naître en elles, tout à coup, une tendance irrésistible à des exploits héroïques ; des chœurs paisibles ont été allumés soudain d’un feu sacré.

Les tendances jouent dans notre vie un rôle considérable qu’il importe de bien connaître. On peut distinguer celles qui se rapportent à la vie organique (besoins ou appétits) et d’autres qui se rapportent à la vie psychologique (inclinations, penchants).

Ou bien on les divise en “égoïstes” et en “altruistes ”. Pierre janet les classe selon leur évolution en inférieures, moyennes et supérieures.

Le pelmanisme, qui est avant tout pratique et qui a pour principe que tout doit aboutir à l’action, distingue : les tendances qui doivent être combattues et celles qui doivent être cultivées.

Les sentiments.

11. La vie sentimentale est si chargée de subconscient que nous pouvons nous faire illusion du tout au tout sur ce que nous éprouvons réellement. Les romanciers, les dramaturges montrent qu’il arrive d’aimer la personne qu’on croit haïr. La passion est aveugle.

Pour aimer psyché, eros ne doit pas la voir ; et chez les romains, cupidon est représenté les yeux bandés.

Nous sommes à ce point ignorants de nos sentiments exacts que souvent une autre personne se montre à cet égard plus perspicace que nous-mêmes. Un fait accidentel peut, à notre grande stupéfaction, nous révéler l’état dans lequel nous nous trouvons en réalité.

Tel qui croit qu’une certaine personne lui est indifférente, blêmit si on lui annonce qu’elle a été victime d’un accident : et c’est ainsi qu’il est fixé sur ses propres sentiments.

Le tréfonds de notre affectivité se trouve si caché dans l’intimité de notre subconscient que la réflexion l’altère et que l’expression le trahit. Impossible de contempler en plein soleil les brumes du matin ; impossible de décrire en un clair langage les incertitudes nocturnes.

D’où la détresse de Sully-Prudhomme : “hélas ! à mes pensées le signe se dérobe, mon âme a plus d’élan que mon cri n’a d’essor. Je sens que je suis riche, et ma sordide robe Cache aux yeux mon trésor.”

Et encore : “quand je vous livre mon poème, mon cœur ne le reconnaît plus, le meilleur demeure en moi-même, Mes vrais vers ne seront pas lus.”

En petit nombre sont, aux yeux du moraliste, les sentiments qui meuvent l’humanité.

Pourtant ils sont si pénétrés d’aspirations, de jugements, d’intentions multiples, et si nuancés selon les individus, que l’art et la littérature y trouvent des thèmes inépuisables.

Si toute notre nature nous était connue ou connaissable, il ne pourrait en être ainsi.

Poètes et musiciens révèlent à qui serait susceptible d’en douter la prodigieuse richesse subconsciente que recèlent nos états affectifs.

Le sommeil.

12. Si vous dormez huit heures sur vingt-quatre, le tiers de votre vie s’écoule dans le subconscient. la conscience que vous avez en dormant est beaucoup moins nette que celle d’un esprit “éveillé”.

Certes, vous êtes conscient de vos rêves, mais si vous ne les oubliez pas dès le réveil, du moins vous n’en gardez pas longtemps la mémoire.

Cet état de demi-conscience où nous plonge le sommeil ne détermine pas la formation d’une personnalité différente de la nôtre, car nos tendances profondes se trahissent dans nos rêves, et nous pouvons, en dormant, poursuivre une recherche, un travail qui nous occupait à l’état de veille.

Nos capacités peuvent même se trouver accrues pendant le sommeil. Des mathématiciens ont découvert ainsi la solution de problèmes vainement abordés pendant la journée.

Un homme, ne pouvant se décider à acheter une propriété qui lui est offerte, prend la résolution de laisser “passer une nuit là-dessus” : et, le matin, quand il récapitule les “pour” et les “contre” de l’affaire, il voit plus nettement où se trouve son intérêt.

Si on lui demande pourquoi il a cru bon de “dormir là-dessus”, il dira probablement qu’un je ne sais quoi se produit pendant le sommeil, un je ne sais quoi que Julliot appelle un travail de maturation, et qui permet d’envisager le problème avec plus de clarté.

Les poètes, qui souvent éprouvent l’inspiration indépendamment de leur volonté, ont signalé bien des faits de ce genre.

Goethe assure que pendant plusieurs années son talent créateur ne l’abandonna pas un instant : “Comme j’avais écrit le roman de Werther à peu près inconsciemment, à la manière d’un somnambule, je m’en étonnai moi-même quand je le parcourus.”

Mon esprit, votre esprit, l’esprit de chacun a, pendant le sommeil et selon ses capacités naturelles ou acquises, le pouvoir d’élaborer de façon originale les matériaux accumulés dans sa mémoire.

Personne ne l’ignore : c’est dans le rêve que l’imagination se donne le plus libre cours.

Mais voici quelque chose que tous ne savent pas : un esprit réfléchi et méthodique peut tirer parti utilement, quoiqu’inconsciemment, de cette faculté constructive aux heures mêmes de repos, où se détend sa pensée.

Quant à l’élément d’absurdité qui se glisse dans nos rêves, nous le répudions aisément à l’état de veille, en éliminant tout ce qui ne s’accorde pas avec la réalité scientifique.

La psychanalyse.

13. Les ordres de faits que nous venons de signaler : mémoire, habitude, rêve, suggestion, sentiment, montrent que les fonctions conscientes de l’esprit supposent une activité subconsciente dont seuls les résultats se laissent apercevoir.

Nous sommes loin d’avoir inventorié tout ce qui subsiste inconsciemment dans notre esprit. Non seulement notre passé — par la mémoire, — et notre avenir — par les tendances, — sont pétris d’inconscient, mais notre conscience présente elle-même s’en trouve comme saturée.

Ainsi, l’attention, qui découvre progressivement plus de détails en une perception donnée, prouve que cette perception était pleine d’éléments réels, quoiqu’inaperçus.

L’association des images ou des idées, les principes de coordination mentale opèrent en nous à notre insu. Rien de plus difficile que de satisfaire au précepte de Socrate : “Connais-toi toi-même.”

Chacun de nous, dans la connaissance immédiate qu’il a de lui-même par la conscience, croit se saisir tout entier.

Ce que nous venons d’expliquer montre combien insuffisante est cette compréhension directe par “introspection”, puisque nos états conscients supposent l’existence autour d’eux d’une immense activité psychique subconsciente, et en sont même tout pénétrés.

La psychologie moderne a par suite été amenée à aborder l’examen de cette partie obscure qui tient tant de place en nous. Les recherches de Pierre Janet sur l’Automatisme Psychologique (1889) ont ouvert cette voie nouvelle, que le maître n’a cessé d’élargir.

Son exemple a suscité de la part du viennois s. Freud une méthode originale, qu’a exploitée en divers sens toute une pléiade de psychiatres. Sans nous dissimuler les faiblesses ou les excès de cette méthode qui a fait grand bruit, nous devons en signaler l’intérêt.

La psychanalyse de Freud est une méthode d’exploration du subconscient.

Quoiqu’elle ait pris son origine dans des recherches sur l’hystérie (studien über Hysterie, 1895), elle vaut en dehors des cas morbides et de l’hypnose, et s’applique à la psychologie normale (1).

Il est malaisé de s’étudier soi-même, mais un psychanalyste professionnel dispose de mille procédés pour s’enquérir de l’état de votre subconscient.

Certains tics, de menus actes de la vie courante, des lapsus de langue ou de plume, des hésitations, des erreurs de mots dans la conversation en apparence la plus insignifiante : voilà des indices.

L’observation du sens que prennent les associations d’idées spontanées : voilà une autre source d’information. Les idées, les mots qui se présentent révèlent bientôt quelque chose des tendances foncières du sujet.

L’analyse des rêves fournit encore une importante documentation, justement parce que les aspirations profondes de notre personnalité y transparaissent plus librement que dans la conscience de l’homme éveillé.

Dans cette investigation les moindres détails peuvent avoir une valeur de symptômes ; l’expert psychologue, procédant comme un juge d’instruction, ne saurait montrer trop d’ingéniosité pour réunir les éléments caractéristiques, décisifs, qui fixeront le diagnostic.

L’extrême difficulté résulte de cc que la conscience la plus sincère cherche à se tromper elle-même, car elle craint de s’avouer ce qu’elle renferme exactement ; a fortiori, ce que renferme son subconscient.

Qui n’a “chassé de son esprit” un souvenir fâcheux, une convoitise répréhensible ? Les obligations de la vie, les convenances sociales, l’éducation, la morale : autant d’influences puissantes, qui en grande partie brident nos instincts et les “refoulent” dans des profondeurs subconscientes d’où il leur est malaisé de se dégager.

Ces tendances profondes, plus ou moins inassouvies, sont ce qu’il y a de moins avouable, de moins noble en nous.

Des littérateurs, des psychologues, ont révélé ce que peut renfermer de pervers “l’envers” des consciences les plus délicates, les plus probes.

Freud exagère, sans doute, mais voit juste souvent, lors qu’il dénonce la sensualité comme le ferment qui fait bouillonner en sourdine, mais furieusement, nos instincts.

Contenus par la “censure” de la conscience normale, à l’état de veille, ils se rattrapent volontiers dans la rêverie et surtout le rêve, à travers le symbolisme bizarre et capricieux de l’imagination. Le songe, disait déjà Alphonse Daudet, est “une soupape”.

(1) S. Freud. la psychopathologie de la vie quotidienne. trad. jankelevitch, paris, 1922. il. l’éducation du subconscientsurveillez votre conscient.

1. Si grande est la part du subconscient dans notre vie, qu’une éducation, ou rééducation, mentale serait insuffisante si elle ne visait pas à tirer parti de ce fond obscur de nous-mêmes ; mais il ne constitue pas à lui tout seul la vie mentale.

En effet, quels que soient les facteurs que le subconscient implique et utilise, le principal élément de l’esprit est fourni par la conscience et se manifeste par la somme totale des pensées, des sentiments et des résolutions de l’état de veille.

Si nous désirons que le bien s’installe dans l’inconscient, il nous faut donc penser consciemment au bien.

Si nous nous efforçons d’acquérir de plus grandes capacités pendant que nous sommes éveillés, le subconscient ne manquera pas d’en être stimulé et de nous aider à atteindre notre but.

Ce processus illustre en réalité le vieux dicton : “Nous récoltons ce que nous avons semé.”

Ce que nous envoyons au fond de nous-mêmes, dans le subconscient, sous forme de matières premières, nous est retourné en produits façonnés. Mais si nous n’envoyons que du chanvre grossier, nous n’avons pas le droit d’espérer en retour les plus belles soies et les plus riches satins.

Le subconscient réfléchit donc, si l’on peut dire, le conscient, et il faut que l’étudiant se rende compte qu’un judicieux contrôle des pensées qu’il nourrit à l’état de veille est aussi nécessaire qu’il est avantageux.

Nous voulons dire par là qu’aucun homme sage “ne pense ce qui lui plaît” au point de donner asile en son esprit à toutes sortes d’idées mauvaises.

S’il s’en rend coupable, il perd toute sagesse ; et plus tard l’impulsion subconsciente se manifeste au dehors par une mauvaise conduite soudaine, en apparence inexplicable.

Nul ne doit cependant s’épouvanter parce qu’il a de loin en loin, en rêve, ou même éveillé, de mauvaises pensées qui le surprennent — la sorte de pensées dont il ne veut point et à laquelle il croyait avoir dit adieu depuis longtemps.

De telles irruptions dans la conscience sont simplement les manifestations du « Vieil Homme », connues maintenant sous le nom de Libido ou désir.

Elles deviennent de moins en moins nombreuses et leur pouvoir de suggestion est de plus en plus faible à mesure que les motifs conscients de la vie s’épurent.

Puisque les rapports — dans les deux sens entre la conscience et le subconscient forment le train courant de la vie quotidienne, n’accueillez pas sans contrôle ni « censure » les élucubrations du subconscient. Beaucoup sont malvenues, ou intempestives, voire absurdes ou mauvaises.

Plus nombreuses encore sont celles qui sont insignifiantes. Refusez la livraison, ou jetez-la dans le sac aux oublis.

Quand vous cherchez une idée, rejetez les fantaisies inopportunes jusqu’à ce que vous obteniez de votre imagination quelque notion utilisable. Polissez, limez par un travail de réflexion les matériaux bruts qui vous sont envoyés.

Ce n’est pas assez de critiquer les élaborations de l’inconscient. Il faut discipliner vos puissances obscures. platon déjà les comparait à un attelage fougueux qu’il faut mater, mais qui, bien en main, nous conduira au but.

La méthode pelman vous a déjà montré comment on assouplit sa mémoire, comment on prend la direction de son imagination et de sa pensée, comment on utilise en volonté ferme autant que réfléchie la poussée intérieure du sentiment.

Vous êtes donc plus avancé, sans doute, que vous ne le croyez, dans l’art de tourner en auxiliaire le redoutable subconscient.

Ne méconnaissons le rôle ni de la conscience, ni du subconscient. La conscience ne répond pas à tout, certes ; souvent elle ne fait que recueillir les suggestions du subconscient. Mais son rôle est décisif, car elle accueille ou repousse ces suggestions.

Dans le subconscient s’accumulent nos réserves et bouillonnent nos impulsions : il renferme ce qui fait vivre. La conscience utilise de façon réfléchie, selon les besoins actuels, ces ressources et ces impulsions.

Le subconscient est l’aveugle, la conscience est le paralytique. Toute activité humaine suppose le concours de l’un et de, l’autre.

Or, de même que vous suivez soigneusement un régime, évitant les mets qui ne vous conviennent point, de même vous devez choisir, selon des principes identiques, les matériaux mentaux qui, après avoir servi sur le plan conscient, pénétreront dans le subconscient.

Un homme dont l’esprit n’est à l’état de veille qu’un tourbillon de sentiments égoïstes et mauvais, ne peut espérer avoir une région subconsciente d’une radieuse pureté.

Cette région est, en majeure partie, ce qu’il l’a faite. Si elle est malsaine, c’est d’abord sa faute. la vraie manière d’éduquer le subconscient, c’est d’éduquer d’abord le conscient.

La conscience a différentes manières d’exercer son autorité, légitime et salutaire, sur le subconscient :

1 ° elle ne laisse pas entrer de pensées néfastes dans le subconscient et discipline les tendances ;
2 ° elle peut changer le sens des habitudes acquises ;
3 ° elle peut pénétrer tout notre esprit de ce qui doit l’occuper :
4 ° elle peut critiquer le travail subconscient, donc discipliner les intuitions.

La discipline des habitudes.

2. Nos actions, nos gestes, nos paroles, si réfléchis et volontaires qu’ils nous paraissent, ne le sont que pour une très petite part, car il y a dans tout ce que nous faisons des attitudes, des intonations, des expressions du visage tout à fait spontanées, insoupçonnées de nous, mais très visibles pour autrui.

Si vous êtes un excellent joueur de billard, mais prétendez ne connaître qu’à peine le jeu, vous aurez beau jouer maladroitement, un observateur attentif découvrira bientôt les signes de votre véritable adresse : votre dextérité subconsciente se manifeste à votre insu et vous dénonce.

Toute cette activité subconsciente est le résultat de l’habitude, qui a son origine :

1 ° dans l’éducation que nous donnent nos parents, nos professeurs, etc. Pendant l’enfance et l’adolescence ;
2 ° dans l’imitation du milieu où nous nous trouvons et de certaines personnes sympathiques ;
3 ° dans la tendance de l’individu au moindre effort pour l’accomplissement d’un acte.

Les deux premiers points sont suffisamment connus de l’étudiant, de même que leurs conséquences pratiques, pour que nous n’ayons pas à y insister.

Analysons le troisième. La tendance au moindre effort est utile quand il s’agit d’acquérir une technique quelconque (dans un travail, un sport, etc.).

Elle est nuisible quand elle est l’expression de la paresse, ou quand on exécute une action qu’on n’approuve pas, mais qui est commode dans la circonstance donnée.

Par exemple : il existe des gens qui chez eux « se laissent aller » et manquent de tenue dans leurs gestes, leur langage, leurs vêtements ; il y en a d’autres qui mentent quand ils peuvent le faire impunément.

Tous se disent : « j’aurai une autre attitude, d’autres paroles, quand il le faudra. »

Profonde erreur !

Ces actes deviennent des habitudes et surgissent d’une façon subconsciente au moment même où on voudrait les éviter. Un menteur d’occasion a bientôt fait de devenir un menteur continuel qui ne peut plus par la suite s’empêcher de mentir.

Donc :

1) soyez chez vous comme vous voudriez être en présence d’autrui ; ne faites jamais, quand vous êtes seul, une chose que vous ne pourriez pas faire sans honte devant les autres.

2) évitez les actions immorales, non pas seulement par crainte de punitions, mais pour ne pas vous nuire à vous-même par l’acquisition d’une mauvaise habitude.

Quelqu’un qui, dans un tramway ou dans un train, réussit à voyager sans payer, se fait plus de mal à lui-même qu’à la compagnie de transports, car il s’habitue à une action malhonnête.

3) profitez des moments où vous êtes seul pour acquérir de bonnes habitudes.

Habitudes corporelles et habitudes mentales.

3. Que de fois ne dit-on pas : « l’habitude est une seconde nature ! » remarquez que vous pouvez dire, à l’inverse : la nature est une première habitude.

L’état physique d’un homme est le résultat de sa vie passée. S’il descend d’une bonne souche et n’a pas contrevenu aux lots physiologiques, il possédera probablement une constitution robuste et un esprit sain.

Mais s’il souffre d’une faiblesse héréditaire et qu’il ait, en outre, vécu une vie dissipée, ou qu’il ait été indifférent à l’hygiène, l’état de son corps sera la preuve vivante de sa conduite.

Notre santé est la résultante de deux facteurs : l’hérédité, plus l’usage que nous avons fait de nos ressources physiologiques. Mon corps, c’est mon histoire.

De même, l’état de notre esprit dépend de facultés innées, petites ou grandes, et de l’usage que nous avons fait des occasions rencontrées.

Un paresseux laisse péricliter ses talents naturels et subit des pertes irrémédiables par son indifférence aux lois de l’intelligence et aux opportunités qui se sont offertes sur sa route.

Par contre, lorsqu’à un don inné se joint un vigoureux effort, et qu’une sensibilité délicate s’unit à une grande activité, l’esprit acquiert de nouvelles puissances de travail.

Notre esprit est donc la somme de l’héritage que lui ont légué nos parents, plus l’usage que nous avons fait de notre expérience psychologique. Mon esprit, c’est mon histoire.

Que cette double constatation ne vous déprime point. Ne vous croyez pas esclave de votre passé.

La force dont il pèse sur vous, c’est le poids de l’habitude ; mais il dépend de vous de former des habitudes nouvelles. Un clou chasse l’autre.

Vos habitudes ne sont toutes-puissantes que si vous ne leur opposez aucun effort. Or, l’expérience universelle l’atteste, et rien n’est plus encourageant : il n’y a que les premiers pas qui coûtent.

Savoir varier ses habitudes, les modifier selon la diversité des circonstances, les assouplir d’après ses besoins, c’est un aussi grand art que l’art d’utiliser ses loisirs.

C’est là que se reconnaît l’homme capable de progresser.

Utilisez donc votre réflexion consciente pour transformer vos mauvaises habitudes en bonnes.

Comment créer de nouvelles habitudes.

4. À l’élimination des mauvaises habitudes doit s’ajouter l’acquisition de bonnes habitudes nouvelles. Pour les acquérir, il existe une technique spéciale que nous avons déjà indiquée dans la Leçon 4 et dont nous résumons ci-dessous les principes essentiels.

En premier lieu, il faut, comme on dit, se jeter à l’eau, c’est-à-dire s’obliger à une initiative en faisant appel à des moyens d’action extérieurs.

Il se produit alors une réaction en quelque sorte instinctive : au début vous vous démenez, vous barbotez ; peu à peu vous régularisez vos mouvements et quelques indications suffisent pour vous faire comprendre comment on nage — comment on veut et comment on agit.

Quand vous vous sentirez poussé par une habitude mauvaise, agissez résolument en sens inverse de cette habitude.

Un deuxième principe consiste à ne jamais suspendre, sous quelque prétexte que ce soit, les actes qui constituent la nouvelle habitude, pas plus que vous ne suspendriez, fût-ce un jour, l’entraînement physique qui vous serait nécessaire pour devenir un champion sportif.

Il faut que la nouvelle habitude prenne racine en vous, sinon elle sera comme un peloton de fil que vos mains ont laissé échapper ; il est vite déroulé, mais il faut longtemps pour l’enrouler à nouveau.

De même, l’arrêt de l’entraînement mental peut déterminer un échec qui fait perdre presque tout le bénéfice des efforts passés, au lieu que l’accumulation des réussites est un gage certain des succès futurs.

Enfin, ne laissez échapper aucune occasion de mettre vos forces à l’épreuve et d’utiliser, le plus souvent possible, votre nouvelle habitude.

Mettez en œuvre, à ce moment, votre émotivité, votre volonté consciente, votre subconscient pour concentrer toutes vos forces dans la direction qui consolidera davantage l’habitude à acquérir.

Courez au-devant de l’expérience ; n’attendez pas qu’elle s’impose à vous.

Pourquoi attendre ? il n’est jamais trop tard, mais il n’est jamais non plus trop tôt pour tenter de mieux faire et de créer ainsi tout un ensemble de bonnes habitudes.

La discipline des réflexes conditionnels.

5. On appelle « réflexes conditionnels » les habitudes contractées par notre système nerveux.

L’école psychologique russe (pawlow, bechterew) a démontré que si deux processus nerveux différents se produisent simultanément un certain nombre de fois, ils s’associent de telle sorte que l’un d’eux est ensuite capable d’évoquer l’autre.

Celui qu’a rebuté le goût de l’huile de ricin dans du café noir aura ensuite des nausées en buvant du café seul.

Ce phénomène se produit dans la vie affective : on a une préférence pour les couleurs que portait la personne aimée ; le noir rend tristes certaines gens qui ont eu beaucoup de deuils dans leur famille.

De même, l’habitude d’un mouvement tend à nous l’imposer. Les tics n’ont pas d’autre origine.

On cite souvent l’histoire d’un soldat retraité qui portait chez lui son dîner et à qui un mauvais plaisant cria tout à coup : « Fixe ! » Aussitôt, les mains du soldat tombèrent « dans le rang », laissant glisser au ruisseau mouton et pommes de terre.

Les pelmanistes doivent utiliser cette loi des réflexes conditionnels pour se faire de leur système nerveux un allié et non pas un ennemi ; ils doivent se faire aider par le subconscient en utilisant certaines associations déjà existantes et en en formant de nouvelles.

Ils réussiront ainsi à déterminer en eux un certain automatisme utile, qui diminuera à la fois l’effort et la fatigue du mécanisme conscient.

Citons, à titre d’exemple, le réflexe conditionnel utile que s’est créé un pelmaniste.

Obligé de se lever tous les jours de très bonne heure, il remontait son réveille-matin pour l’heure fixée.

Le moment venu, le réveil sonnait, mais notre homme persistait dans son attitude confortable en se disant : « Encore cinq minutes et je me lève. » Procédant ainsi « par cinq minutes » il arrivait souvent jusqu’à vingt minutes ou même une demi-heure.

Bien entendu, il lui fallait ensuite subir tous les inconvénients de son manque de volonté. Sur nos conseils, il se créa un réflexe conditionnel, que voici : il associa la sonnerie du réveille-matin au mouvement de se lever brusquement.

Après s’être entraîné plusieurs fois par jour, pendant un certain temps, pour renforcer l’association, maintenant, dès qu’il entend son réveil sonner, il se trouve obligé de sauter du lit, « comme si quelque chose, dit-il, le poussait ». Il se garde bien de compromettre ce résultat merveilleux, et n’admet pas la moindre exception à cette règle.

La timidité.

6. La timidité est un de ces réflexes conditionnels plus ou moins complexes selon les individus. la seule idée d’un acte suffit parfois à provoquer la moiteur des mains ou du front, la rougeur du visage ; bien mieux, à elle seule la crainte de rougir peut provoquer le phénomène qu’on redoute.

Partiellement, la timidité est due à un sentiment exagéré de sa propre responsabilité et de la place qu’on occupe dans l’opinion d’autrui ; il faut donc prendre l’habitude de regarder les faits en face et ne pas supposer aux autres des jugements ou des sentiments à votre égard que probablement ils n’éprouvent pas.

Le réflexe doit être combattu par toutes les armes à la fois, en créant des automatismes et des habitudes en sens contraire autant dans le subconscient que dans la conscience. (Revoir la Leçon 2.)

Le commandement de soi-même et le subconscient.

7. Nous avons parlé, ci-dessus, d’un type particulier d’oublis, en relation avec le subconscient, qui impliquent la non-exécution d’un « ordre à échéance » qu’on s’est donné à soi-même (1).

Ces oublis peuvent provenir de trois causes différentes, auxquelles correspondent trois sortes de remèdes.

Si l’oubli est dû à la manière défectueuse dont l’ordre a été donné, il faut prendre l’habitude de se dicter à soi-même l’ordre avec clarté, précision et force ; en outre, il faut évoquer les actions qui peuvent accompagner celle qu’il s’agit d’exécuter.

Par exemple, pour ne pas oublier de remettre une lettre à x…, que vous rencontrerez demain chez des amis, prononcez votre décision à voix basse, tout en regardant la lettre et en vous imaginant X.. ; de plus, représentez-vous votre propre personne tendant la main droite à X…, et tirant de l’autre main la lettre de la poche.

L’important n’est pas l’effort violent isolé, mais la répétition naturelle et consciente.

Donc, prenez l’habitude de vous redire, à mi-voix, au lit, avant de vous endormir, les actions que vous vous proposez de faire le lendemain et qui sortent du cadre de vos occupations.

C’est à ce moment-là que les ordres donnés à soi-même peuvent le mieux acquérir une force suggestive. Les actions à longue échéance seront notées sur un agenda que vous prendrez l’habitude de regarder chaque soir.

(1) les observations et les conseils qui suivent sont empruntés à un article du docteur S.  Hosiasson, sur les oublis et le subconscient publié dans le numéro de juillet 1928 de la psychologie et la vie.

Vous dresserez ainsi votre subconscient à intervenir au moment voulu dans votre vie consciente. Le subconscient doit être éduqué à recevoir des ordres et à les exécuter correctement.

Voici, dans ce but, quelques exercices très simples, que vous pourrez adapter à vos besoins personnels :

Exercice I. — Donnez-vous l’ordre de faire un certain acte à un moment fixé d’avance, par exemple de sortir votre stylo de la poche au moment de quitter l’autobus que vous prenez l’après-midi. Faites tous les jours un exercice de ce genre, en augmentant progressivement le temps entre l’ordre et l’action. Ne vous découragez point des échecs du début.

Exercice II. — en regardant votre montre, fixez-vous une heure à laquelle vous ferez un geste, une action quelconque, sans la rattacher à un événement comme c’était le cas dans l’exercice précédent. L’exercice ii ne devra être pratiqué qu’après réussite de l’exercice i.

Ces exercices doivent être répétés de temps en temps, car une habitude laissée inactive tend à se déformer, et même à disparaître.

Un autre facteur des oublis « d’ordres à échéance » est la distraction. Pour la combattre, il faut :

1) ne jamais laisser traîner les choses à faire, s’en occuper sur-le-champ ; sinon elles encombrent le conscient.
2) s’habituer, grâce à un emploi du temps, à ne pas sauter d’une action à une autre.
3) terminer chaque action, faire des actions complètes.
4) éliminer l’indécision, car une décision suspendue prédispose à la distraction.
5) éviter la rêverie stérile par une discipline méthodique de l’attention.
6) combattre l’impressionnabilité et l’émotivité excessives.
7) s’assurer une quantité suffisante de sommeil, ce qui a une influence indéniable sur la sensibilité et la capacité d’attention.
8) faire de temps en temps l’examen de conscience, pour éliminer systématiquement les mauvaises habitudes et prendre des résolutions définitives conformes au but poursuivi.

À certains moments on est davantage prédisposé à se laisser distraire, par exemple à la veille d’un événement important, lors d’une inquiétude forte ou prolongée, ou dans le cas d’un chagrin, d’une affliction.

Il convient alors de noter d’avance le programme des actes à accomplir, d’agir plus lentement que de coutume, et de limiter le nombre et l’importance des activités en cours.

L’émotivité ne doit pas être maîtresse du champ de bataille subconscient.

En alternant ou en combinant ces divers procédés pratiques, on arrive rapidement à habituer le subconscient à enregistrer des « ordres à échéance » et à les exécuter.

Ainsi se trouvent corrigées un grand nombre de déficiences qu’on regarde communément comme des défaillances de la mémoire.

Utilisation de la suggestion.

8. Le problème pratique se présente ici sous trois aspects. il faut :

1 ° savoir résister à la suggestion d’autrui ;
2 ° savoir suggestionner les autres ;
3 ° savoir se suggestionner soi-même (autosuggestion).

En parlant d’éviter les suggestions d’autrui, nous entendons celles qui peuvent être nuisibles.

On doit leur opposer le raisonnement et le jugement critiques, c’est-à-dire vérifier les affirmations, mettre à l’épreuve les sentiments, analyser toutes les circonstances accessoires, lesquelles, souvent inaperçues, jouent cependant un rôle décisif.

Vous pouvez vous en rendre facilement compte en étudiant les affiches publicitaires.

Vous verrez alors que l’image, le nom ou le titre de l’objet annoncé recèlent toujours certains éléments qui vous ont influencé à votre insu.

Il faut aussi examiner avec soin l’état mental dans lequel on se trouve.

En période de dépression nerveuse, de chagrins intimes, de surmenage intellectuel, on est plus apte à se laisser « suggérer » par autrui ; la défense consistera alors à ne pas fréquenter les personnes dont on redoute l’influence, à retarder les décisions graves jusqu’au moment où l’on est de nouveau « soi-même ».

En règle générale, les timides et les indécis sont plus suggestibles que les autres : ici encore c’est l’habitude de la confiance en soi et de la décision qu’il faut développer jusqu’à ce qu’on puisse traiter avec tout le monde d’égal à égal.

La première condition pour suggestionner les autres est d’être physiquement et psychiquement en bonne forme, bien équilibré, maître de soi et certain du but à atteindre.

Ceci est indispensable dans les affaires où, comme nous l’avons dit, la suggestion joue un rôle considérable. À la persuasion logique doivent s’ajouter une manière d’être ferme, un regard droit, un geste précis, une parole convaincante qui réagissent sur autrui favorablement.

Il faut aussi savoir choisir son moment et présenter ses arguments en allant du plus faible au plus puissant.

Bref, c’est toute une éducation à faire, qui n’a pourtant de valeur pratique réelle que si l’on cultive en même temps que la juste évaluation de ses propres intérêts la sympathie pour autrui.

Utilisez l’autosuggestion.

9. Nous avons déjà attiré votre attention sur les bienfaits de l’autosuggestion ; il vous faut donc augmenter l’influence que vous pouvez exercer sur vous-même, et particulièrement sur votre vie subconsciente.

Pour jouer un rôle, l’acteur doit le faire pour ainsi dire entrer « dans son propre sang », ou encore se mettre « dans la peau » du personnage.

Voilà pourquoi une autosuggestion de pessimisme peut être la perdition de l’homme, au lieu qu’une autosuggestion de courage et de confiance en soi sera sa planche de salut.

Ne désespérez jamais. Celui qui n’a usé de l’autosuggestion que pour sa propre ruine devrait moins que tout autre douter de l’étrange puissance de ce moyen d’action dans la direction du succès.

Tournez à votre profit ce facteur dont vous avez peut-être usé à votre détriment, et votre guérison est proche.

Savoir se suggestionner soi-même n’est pas toujours facile. Aussi les praticiens de l’autosuggestion préconisent-ils d’utiliser le moment qui précède le sommeil, car c’est alors que l’idée qu’on s’impose possède le plus de force suggestive.

Le moment où l’on éprouve une forte émotion est également très propice à l’introduction dans l’esprit d’une autosuggestion. Il faut en profiter pour renforcer une décision.

Supposons que vous devez avoir affaire à un personnage important et que vous redoutiez d’avance cette entrevue.

Formulez ainsi votre suggestion : « J’irai le voir tel jour, et en sa présence je serai tout à fait calme » ; profitez de tous vos moments d’émotion un peu vive pour augmenter la force suggestive de votre décision en répétant la formule ci-dessus.

Développez l’intuition.

10. Après avoir analysé et défini l’intuition, il nous faut exposer comment on la contrôle, développe et utilise dans la vie pratique.

L’intuition n’est une fonction utile qu’à la condition d’être toujours contrôlée.

Ce contrôle consiste à évoquer dans la pleine lumière de la conscience ce qui se passait dans le subconscient au moment de l’intuition et à vérifier l’accord de notre supposition avec la réalité extérieure.

L’intuition s’accompagne souvent d’une sorte d’inquiétude, qui est précisément la tendance à en rechercher la confirmation. Suivons donc cette tendance naturelle de l’esprit en nous guidant selon ce principe : le plus possible de preuves extérieures et directes, le moins possible d’interprétations personnelles.

L’intuition est d’autant plus développée qu’on connaît mieux la personne ou le sujet dont on s’occupe : une mère est intuitive quand il s’agit de ses enfants, un savant est intuitif dans sa science, un commerçant dans son affaire, un mécanicien en mécanique.

Il s’agit là d’une rapidité de coup d’œil, d’évaluation et de jugement qui n’a rien de mystérieux. L’intuition est une activité psychique parfaitement normale.

Elle s’améliore d’autant plus que vous cultivez davantage l’observation des détails et des ensembles, le raisonnement correct et le mécanisme du jugement.

Pour développer l’intuition, il faut vous astreindre à formuler toujours vos jugements, afin de voir clairement où vous en êtes ; sinon vous n’avez qu’une idée vague, une tendance confuse, qui troublent et empêchent votre action.

Dessus la nécessité ; souvent vous constaterez alors que votre intuition comporte une part considérable d’absurdité ; ceci est vrai notamment dans ce qu’on nomme les pressentiments.

La discipline des tendances

11. Il faut, à n’importe quel âge, savoir et pouvoir faire un choix judicieux entre les sentiments et les tendances qui se produisent en nous, combattre les uns, favoriser les autres.

A) comment combattre les tendances nuisibles.

Rappelons qu’on doit opérer une sélection parmi les tendances qui surgissent de l’obscurité du subconscient et non pas leur obéir aveuglément. La conscience et la volonté sont là pour prononcer de façon définitive. C’est leur rôle essentiel.

Certains psychologues voient dans le refoulement excessif des tendances un facteur nuisible à la santé physique et morale.

Sans doute prennent-ils trop souvent l’effet pour la cause ; le malade souffre à cause de son refoulement parce qu’il est un malade ; ce n’est pas le refoulement qui a provoqué la maladie.

Tout le monde refoule un certain nombre de tendances ; c’est la condition primordiale de la vie en société ; mais tout le monde n’est pas anormal.

Nous dirons au contraire : on risque de compromettre sa santé physique et morale si on ne refoule pas les tendances nuisibles au développement personnel.

Une tendance est souvent conditionnée par un fait physiologique, par un objet, une personne, un milieu, une situation. En modifiant les agents évocateurs de la tendance, on arrive à l’influencer de la manière voulue.

Il s’agit donc, tout d’abord, de déterminer quels sont les facteurs en jeu.

Au cas où il serait impossible de les discerner, on doit avoir recours à des moyens d’ordre général : prendre soin de son hygiène physique et morale, supprimer les mauvaises habitudes, éviter la société des gens réalisant des tendances que nous désapprouvons.

Ne pas réaliser une tendance mauvaise conduit souvent à la faire mourir d’inanition ; mais cette mesure, quoiqu’efficace, ne suffit pas toujours. Certaines tendances continuent à se présenter à nous bien que nous ne les réalisions pas.

Il faut alors recourir au refoulement. On chasse la tendance importune en la remplaçant, toutes les fois qu’elle se présente, par une autre. La tendance opiniâtre revient, mais chaque fois moins consciente et au bout d’un certain temps, elle se diffuse et s’endort dans le subconscient.

Ce qu’on appelle humeur dépend en grande partie de ces tendances refoulées. Le changement brusque de l’humeur, les accès de colère sans cause évidente sont souvent dus aux attaques furieuses des tendances non satisfaites.

Elles s’agitent dans le subconscient, ayant perdu la possibilité d’en sortir, et agissent obscurément sur le conscient.

Si vous vous sentez saisi par un sentiment, par une humeur ou une impulsion que vous ne vous expliquez pas, tâchez de découvrir leurs causes et de les supprimer.

Si ces causes vous échappent, dites-vous : “quelque chose s’inquiète dans mon subconscient que je ne suis pas capable d’influencer d’une manière directe ; attendons tranquillement que cela se passe”.

Cette attitude mentale vous permettra de mieux comprendre et supporter les accès de colère, d’emportement ou de dépression inexplicables chez autrui et de diminuer, sinon même d’annuler les vôtres.

Il est quelquefois difficile de refouler une tendance plus forte que celles que nous voulons lui substituer. Il se produit dans la conscience, une lutte épuisante. on doit avoir alors recours à une activité automatique.

Après un démarrage quelquefois difficile, on parvient à diminuer la force représentative de la tendance importune. C’est sur cette vérité que se fonde la “cure de travail”, l’influence calmante et bienfaisante d’une activité régulière, pas trop compliquée.

La pratique des sports, l’exercice de la culture physique, parfois même quelques minutes de respiration profonde peuvent faire surmonter la tendance indésirable.

On peut aussi transformer la tendance tenace en l’analysant avec soin et en changeant peu â peu son objet.

On a par exemple un désir irrésistible de fumer ; à l’analyse, on trouve qu’il apparaît surtout dans les moments d’énervement, que c’est un besoin de décharge motrice plus marqué aux moments où le potentiel du système nerveux augmente.

La cigarette n’est qu’un prétexte : l’essentiel est de pouvoir faire certains mouvements automatiques, de même que d’avoir quelques sensations habituelles dans la bouche.

En suçant un bonbon à la menthe, on satisfait le besoin moteur au moment où il se présente ; en même temps on fournit à la muqueuse de la bouche diverses sensations.

C’est en la transformant de cette façon que beaucoup de fumeurs invétérés ont perdu leur mauvaise habitude.

La tendance au jeu pourra de même être déviée en s’occupant d’affaires ou en remplaçant les fortes émotions qu’il procure par des émotions artistiques, religieuses, scientifiques ou sportives de même intensité.

On doit discipliner ses tendances en les sublimant, c’est-à-dire en remplaçant la satisfaction égoïste par la recherche de buts supérieurs.

Les tendances nuisibles peuvent aussi être diminuées par des distractions bien choisies, théâtre, concerts, réunions mondaines ; se divertir est un bon remède, mais à la condition de savoir bien choisir le divertissement et de le limiter, sinon il peut devenir une cause de dépression.

Aussi ne doit-on pas chercher de distraction quand on est fatigué, soit physiquement, soit mentalement ; il faut prendre alors sur soi de se “reposer”. Ne confondez pas la distraction et la détente, qui est la récupération des forces après épuisement.

Enfin, une volonté bien entraînée réussit à accumuler des renoncements partiels qui finissent par supprimer la tendance. En fumant une cigarette de moins tous les deux ou trois jours, on peut aboutir à la cessation complète de l’habitude.

B) comment cultiver les tendances utiles.

12. Éliminer les tendances mauvaises ou nuisibles n’est encore qu’une partie, la partie négative, de l’éducation de soi-même. la partie positive consiste à renforcer et à développer les tendances utiles, comme l’application au travail, l’esprit sportif, la joie de l’action, la poursuite d’un but idéal.

Il faut donc favoriser ces tendances en saisissant le moment de leur apparition et en les transformant en bonnes habitudes.

Ceci est très important pendant l’enfance et l’adolescence ; aussi la pédagogie consiste-t-elle essentiellement à déterminer chez les enfants et les jeunes gens la formation de tendances utiles à l’individu et à la société.

Chez l’adulte, il peut y avoir une lutte incessante entre ses bonnes et ses mauvaises tendances et c’est ici qu’il convient d’appliquer la méthode pelman de réforme mentale. Elle peut se résumer dans les deux conseils suivants :

1 ° comprenez que tout compromis louche et inavouable entre vos instincts profonds et votre condition sociale est un manque de sincérité, de loyauté envers vous-même comme envers autrui : vous risquez d’en être puni par de graves troubles mentaux.

Pas de santé morale sans lucidité envers soi-même ni sociabilité envers autrui.

Au lieu de comprimer votre poussée affective, donnez-lui libre cours dans les limites des affections normales : amitié, vie de famille, société, sympathie esthétique permettant à vos sentiments de se magnifier à l’unisson de l’art et de la nature.

2 ° Utilisez comme source d’énergie la poussée intérieure qui continue de sourdre en vous. Il faut de la force vive, il faut de « l’ allant » pour transformer en réalité les fantaisies du désir.

Ainsi, l’amour peut devenir l’occasion d’un grand nombre de déviations mentales.

C’est pourtant le plus puissant levier de l’enthousiasme et du progrès.

Sans sincérité, sans désintéressement, il égare, il avilit. Dans la loyauté, dans l’altruisme, il élève et il sauve.

À quoi sert le sommeil ?

13. Le sommeil détermine la suppression de l’activité consciente et volontaire ; l’organisme, qui a dépensé ses forces physiques et psychiques pendant l’état de veille, les récupère pendant le sommeil.

Mais la vie subconsciente continue, selon ses lois propres ; à ce moment ce sont nos tendances obscures seules qui agissent sur le « moi » volontaire.

Celui-ci subit, par suite, pendant le sommeil, des transformations considérables ; toutes les impressions, tous les sentiments qui l’avaient assailli pendant la journée s’en vont dans le subconscient, et au réveil, le moi conscient, débarrassé de ces adjonctions parasitaires, se retrouve libre et fort.

La transition du sommeil à l’état de veille n’est pas instantanée. Il y a entre le sommeil et le retour à la conscience une période intermédiaire qui est plus ou moins longue, plus ou moins pénible, selon les individus.

Le moi conscient s’était habitué à l’inertie et doit revenir à l’activité. Il faut se dresser à limiter cette période de transition, en se levant tout de suite, en se lavant à l’eau froide, bref en déterminant une réaction qui supprime les luttes intérieures et les bonnes excuses qu’on se donne pour ne pas s’éveiller complètement. On y arrive par un entraînement progressif.

Ces observations s’appliquent aussi au passage inverse, celui de la veille au sommeil.

Il faut prendre l’habitude de s’endormir aussitôt couché, en déterminant une association entre l’idée de lit et l’idée de sommeil. Évitez par suite de lire au lit.

Comme le réveil, le passage au sommeil est plus ou moins rapide selon les individus.

Les uns s’endorment n’importe où et à volonté (c’était le cas de napoléon) ; d’autres se tournent et se retournent quelque temps dans leur lit, d’autres enfin ont des insomnies, parfois longues et périodiques.

Ils doivent avant tout rechercher les causes physiologiques, s’il y en a, de l’insomnie et suivre un traitement en conséquence. La cause la plus fréquente est la digestion :

Évitez de manger trop de viande le soir et faites une courte promenade après le dîner.

On prend très facilement l’habitude de l’insomnie. Pour la rompre ou pour l’empêcher de se former, il est bon de ne pas se coucher toute une nuit et de ne pas se reposer pendant la journée qui suit.

Dès qu’on est au lit, il faut prendre l’attitude de relaxation, c’est-à-dire détendre ses muscles (1). Il convient de ne « penser à rien », d’éviter avec soin de réfléchir aux ennuis de la journée ou du lendemain.

De toute manière, imposez-vous l’habitude de vous coucher et de vous lever tous les jours à la même heure. Votre corps et votre subconscient prendront ainsi l’habitude des alternatives régulières et votre moi conscient pourra se reposer le nombre d’heures voulu.

(i) voir sur ce point, à la fin de cette leçon, l’appendice sur la relaxation progressive.

Que votre subconscient soit votre allié.

14. Votre subconscient, qui pourrait être pour vous un facteur de perdition, c’est à vous de le transformer en ami fidèle, en bon conseiller.

Par la vertu, c’est-à-dire par les habitudes salutaires, le bien nous devient naturel au lieu d’être toujours imposé de haute lutte par l’esprit à une chair rebelle.

L’effet d’une constante sagesse pratique, comme celle que préconise le pelmanisme, est que les éléments les plus rétifs de notre personnalité se disciplinent, sans avoir besoin d’être désarmés, et que l’individu, sans se trouver dans la nécessité de se mutiler, épanouit au contraire harmonieusement les divers aspects de son être.

Les conditions de notre plus grande liberté sont celles de notre travail le plus fécond et de notre plus intime bonheur.

Aucun progrès n’est possible sans discipline ; aucune discipline n’est possible sans un effort constant pour se dompter soi-même.

Mais n’oubliez pas que l’excès en tout est un défaut. N’exagérez pas la maîtrise de vous-même par un refoulement définitif de toutes vos aspirations.

Tuer l’instinct, sous prétexte de raison et de moralité, équivaudrait à un suicide.

Spinoza, reflétant la sagesse antique, déclare que la philosophie est une méditation non de la mort, mais de la vie.

Dans le même sens le pelmanisme est une technique, non de stérilité, mais de fécondité ; non d’inertie, mais d’action. Loin de réprimer les puissances de vie, il les contrôle et les régularise pour les intensifier.

III. La musique et la mémoire musicale

La musique comme technique du subconscient.

1- l’art musical est par excellence une technique du subconscient. L’harmonie des sons fait vibrer les plus obscurs propulseurs de notre être. Le chant est une expression spontanée de nos émotions ; inversement, la musique émeut même ceux qui ne savent rien de sa technique.

Quant à ceux qui possèdent la clef de ce prestigieux langage, ils y trouvent un incomparable moyen d’expression et de suggestion, un enrichissement de tout leur esprit.

Depuis la plus haute antiquité, la sagesse politique des chinois sait qu’on agit sur les dispositions des hommes par de la musique : chaque dynastie impériale avait sa formule musicale.

Toutes les religions, depuis les plus grossières jusqu’aux plus évoluées, recoururent à la musique pour ébranler, pour transformer le subconscient.

Les plus puissants musiciens côtoient les théoriciens du subconscient : Mozart,

Beethoven, Wagner ne se séparent guère de Leibnitz, Schopenhauer, Nietzsche et Freud.

La musique, et c’est en quoi elle participe du subconscient, ne représente pas une série d’idées clairement définies. Elle peut être un stimulant de la pensée, et traduire des états psychiques bien plus fidèlement que ne ferait le langage.

On a prétendu qu’elle ne conservait rien qui tînt de la raison et de l’intelligence, et qu’elle dépendait exclusivement des sentiments.

C’est excessif, car, quel que soit l’élément mystique qui puisse entrer dans la compréhension et même dans le souvenir de la musique, celle-ci renferme certains facteurs communs à tous les processus mentaux.

Par exemple, la disposition purement matérielle d’une partition est saisie par la vue exactement comme le sont les lettres d’une page imprimée. Le souvenir d’une mélodie s’ordonne devant notre pensée comme celui d’un film.

La phrase musicale.

2. Vous pouvez apprendre à lire et à vous rappeler la musique, comme vous avez appris à lire et à vous rappeler votre langue maternelle.

En apprenant à lire, vous avez d’abord compris des phrases brèves ; plus tard, vous avez pénétré la structure de phrases plus longues, jusqu’à ce que vous ayez pu assimiler rapidement toutes les idées.

Soit cette phrase-exemple : « Par un brûlant après-midi de juillet, marius figuière, poussiéreux et fatigué de sa longue course à travers les Garrigues, s’était arrêté sur le bord du chemin et s’épongeait le front avec un vaste mouchoir rouge, tandis qu’il parcourait des yeux le paysage qui s’étendait à ses pieds, cherchant la chaumière qu’il avait quittée une vingtaine d’années auparavant, lorsqu’il n’était qu’un jeune garçon de quinze ans. »

Voici les idées qu’elle contient :

1. Un être humain du sexe masculin (deux idées).
2. Âge : 35 ans.
3. Noms : Marius Figuière (deux idées).
4. Son nom le désigne comme étant originaire du midi.
5. Il revenait,
6. Après une longue absence,
7. À une chaumière
8. Qu’il avait quittée
9. À l’âge de quinze ans.
10. Il était fatigué.
11. Il avait marché
12. Longtemps
13. À travers les garrigues.
14. Qui étaient poussiéreuses (sous-entendu : parce qu’il n’avait pas plu récemment).
15. Il avait chaud.
16. Il avait un mouchoir
17. Qui était large
18. Et de couleur rouge.
19. Son front
20. Transpirait.
21. C’était l’après-midi
22. En juillet.
23. Le soleil brillait.
24. Marius s’était arrêté
25. Sur le bord du chemin,
26. À une certaine hauteur,
27. Avec une belle vue.
28. Il cherchait à apercevoir quelque chose.

Ces idées sont, soit directement exprimées, soit clairement sous-entendues, et il y en a d’autres que nous avons négligées, parce que ce sont des déductions.

Or, ce processus d’analyse est aussi celui qu’on doit appliquer à la lecture et au souvenir de la musique.

Prenez une composition musicale quelconque et divisez-la en phrases. Une phrase peut comprendre de quatre à huit mesures, et, en général, huit au maximum.

Toutefois, la longueur de la phrase dépendra du type de composition.

Soit un morceau où les divisions s’établiraient naturellement aux 4e, 8e, 12e mesures et ainsi de suite. Prenez la première phrase de quatre mesures.

Jouez-la dix ou vingt fois d’après la musique, fermez ensuite la partition et jouez dix fois la phrase de mémoire.

Ouvrez de nouveau le cahier, jouez dix ou vingt fois la seconde phrase, d’après la musique. Puis, fermez le cahier, commencez à la première mesure (c’est-à-dire au commencement du morceau) et jouez les deux phrases de mémoire sans vous arrêter

(c’est-à-dire de la première à la huitième mesure), une dizaine de fois au plus.

Lorsque vous savez bien ces deux phrases, rouvrez le cahier et commencez la troisième (mesures 9-12), jouez-la dix ou vingt fois comme les autres. Fermez le cahier, et jouez dix fois sans arrêt les trois phrases ensemble.

Continuez de cette manière en ajoutant chaque fois une nouvelle phrase : vous la jouez d’abord dix ou vingt fois, d’après la musique, puis vous reprenez de mémoire tout le morceau, depuis le commencement jusqu’à la dernière phrase apprise.

Le rythme du mouvement.

3. Nous vous avons présenté la phrase musicale à la lumière de la phrase verbale.

« chante ». Il est plus naturel à l’humanité de composer en vers qu’en prose ; la preuve en est que les plus anciens textes littéraires, en tous pays, sont de forme poétique.

Qu’est-ce à dire, sinon que l’expression verbale a un rythme comme l’expression musicale ?

L’une et l’autre sorte de phrases sont toujours du mouvement. Les vrais éléments de la phrase verbale ne sont pas les mots ; les vrais éléments de la phrase musicale ne sont pas les notes. en effet, les idées ne se comptent pas par les mots, ni par les notes.

Ici et là, par conséquent, la mémoire ne consiste pas à savoir enfiler des perles dans un ordre défini, mais à exécuter un enchaînement de mouvements, thème essentiel du morceau à retenir.

Construire une phrase, c’est dessiner une arabesque, palpiter en une série d’essors ou d’affaissements.

Comme l’a bien vu g. Dwelshauvers, en étudiant les mécanismes subconscients, le « réflexe graphique » fournit une confirmation expérimentale de ce fait ; il suffit que nous concevions l’image d’un corps en mouvement rythmé pour que nos doigts, à notre insu, se meuvent d’une façon correspondante.

Puisque lire c’est agir, se remémorer c’est prendre une habitude. En fait plus le rythme apparaît, plus le souvenir est facile : les vers se retiennent mieux que la prose : un air bien scandé — une marche, par exemple — se grave vite dans la mémoire.

Essayez de retenir deux ou trois airs après avoir analysé le rythme de ces morceaux.

Les cinq formes de mémoire musicale.

4. Il y a en musique cinq formes de mémoire dont on peut se servir séparément, ou simultanément, ou en des combinaisons variées.

Ce sont :

(1) la mémoire musculaire,
(2) la mémoire visuelle,
(3) la mémoire intellectuelle ou analytique,
(4) la mémoire émotionnelle, et
(5) la mémoire auditive.

Ce sont autant de variétés du mouvement qui constitue la musique, mouvement du sentiment et de l’imagination plus encore que des cordes vocales ou des muscles de l’exécutant.

A. — la mémoire musculaire en musique.

5. Le violoniste exerce son bras et ses mains ; le pianiste emploie légèrement le pied lors qu’il touche les pédales ; l’organiste aussi, mais, en raison de ses deux octaves et demie de notes à pédale, il est obligé de se servir bien davantage des muscles des jambes et des pieds ; le joueur d’un instrument à vent met constamment en œuvre les lèvres et la langue.

Or, et ici nous rejoignons l’objet de la présente leçon, une certaine forme de la mémoire semble résider dans les muscles eux-mêmes, plus ou moins indépendante de celle dont le siège est le cerveau. Cette mémoire musculaire existe subconsciemment, et n’est pas une propriété du muscle lui-même.

Quelle qu’en soit l’explication, nous appellerons cette forme de mémoire, pour la commodité de la chose, « la mémoire musculaire ».

Son opération se manifeste par ce résultat que, lorsqu’un muscle ou un groupe de muscles ont répété le même acte à plusieurs reprises, ils ont acquis la tendance à reproduire l’acte automatiquement.

Ce phénomène sera d’autant plus apparent qu’une grande attention aura été accordée de bonne heure à la répétition de l’action musculaire.

Donc, lorsque vous désirez vous servir de votre mémoire musculaire pour retenir un morceau de musique, jouez-le deux ou trois fois en concentrant votre attention sur les mouvements des doigts, des pieds ou des lèvres, selon le cas.

Si vous jouez du piano, vous devrez noter les passages où les pouces passent sous les doigts, les positions relatives des mains, et les mouvements pendant lesquels elles se rapprochent ou s’éloignent. Aucun effort des muscles, si léger soit-il, ne devrait passer inaperçu.

B. — la mémoire visuelle en musique.

6. La mémoire visuelle, en musique, se rapproche plus que les autres des variétés de mémoire dont nous nous sommes déjà occupés dans les premières leçons. pour s’en servir, on devra regarder la page de musique imprimée de la même manière qu’on regarde un tableau.

Étudiez-en la forme « graphique », notez les contours des passages en gammes, des mélodies variées, des séries d’accords.

Pour commencer, prenez un passage assez court et pas trop difficile d’un morceau de musique instrumentale ou vocale, une demi-page au plus.

Regardez-le avec la plus grande attention pendant une minute. Fermez alors les yeux, et essayez de vous former une image mentale de son aspect visuel.

Au bout de quelque temps, vous serez capable de voir le chant en imagination aussi distinctement que si vous regardiez encore la page imprimée.

À mesure que votre facilité s’accroîtra, vous diminuerez la longueur du temps pendant lequel vous regardez la musique, et, un peu plus tard, vous pourrez répéter ce genre d’exercice avec des passages plus longs et compliqués.

C. — la mémoire analytique en musique.

7. Vous ne possédez cette forme de mémoire musicale que si vous avez une certaine connaissance de l’harmonie et du contrepoint. Dans l’affirmative, analysez chaque accord, chaque progression harmonique et mélodique. Remarquez les cas de séquence, d’inversion, etc…

Ici, il serait également préférable de commencer à vous exercer avec des morceaux courts et simples, et, de là, passer à des compositions plus longues et plus fleuries.

Vous devez prêter une grande attention à la division en phrases et en membres de phrases musicales — généralement de 2, 4, 8 ou 16 mesures.

D. — la mémoire émotionnelle en musique.

8. Celle-ci est de beaucoup la forme de mémoire musicale la plus vague. elle dépend du fait que toute musique a une valeur affective, et qu’il y a, d’accord en accord et d’une mesure à l’autre, une incessante variation dans la nature et la puissance de l’émotion suscitée par le thème musical, à mesure qu’il se développe.

Chaque progression mélodique, chaque combinaison harmonique a sa signification émotionnelle particulière. Comparez l’inquiétude d’un intervalle de septième avec le repos de la tierce majeure.

Remarquez combien l’effet de la progression qui mène de la note initiale à la tonique diffère de celui que produit la progression de la sous-dominante à la dominante.

L’observation de cette constante fluctuation du facteur sentimental facilite considérablement le souvenir de la musique.

E. — la mémoire auditive en musique.

9. Cette forme de la mémoire musicale dépend du pouvoir qu’a l’esprit de rappeler en imagination une succession de sons. ce pouvoir peut être développé par la pratique.

Commencez avec une simple mélodie, longue de deux ou trois lignes, jouez-la une fois sur votre instrument, puis essayez d’en reproduire les sons mentalement, sans vous servir de l’instrument, ni regarder la musique.

Alors, toujours sans vous reporter à la musique, tâchez de répéter la mélodie sur votre instrument.

Lorsque vous y réussirez avec assez de sûreté, accroissez la difficulté en prenant un passage d’harmonie simple, au lieu d’une mélodie. Ici encore, choisissez pour commencer des compositions courtes et faciles.

C’est cette forme de mémoire musicale qui se manifeste chez ceux à qui il suffit d’entendre jouer un morceau pour pouvoir le répéter ensuite sur un instrument.

Pour que ces diverses mémoires se combinent et se complètent, il faut que l’artiste ait assimilé à son automatisme, c’est-à-dire fait pénétrer dans son activité subconsciente, le mouvement essentiel dont ces divers mécanismes n’offrent que des variantes.

Chaque exécutant est à lui seul un orchestre, qui doit jouer sans désaccord.

Les choses ont-elles un sens ? Pierre Jacob
10 Comment organiser la vie mentale
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